Centre hospitalier Esquirol - Limoges : Chronique de catastrophes annoncées12/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre hospitalier Esquirol - Limoges : Chronique de catastrophes annoncées

Au Centre hospitalier Esquirol de Limoges (hôpital psychiatrique), les effectifs très insuffisants, notamment depuis la mise en place des 35 heures, ont non seulement dégradé les conditions de travail du personnel et la prise en charge des malades, mais c'est aussi la sécurité des patients et du personnel qui est maintenant gravement compromise.

La mise en place des 35 heures pour les soignants s'est finalement traduite par une diminution journalière d'une demi-heure (quinze minutes à l'embauche, quinze minutes à la débauche) et... sept RTT, difficiles à prendre dans bien des services.

La durée journalière réduite de cette façon n'apporte aucun mieux-être au personnel; par contre, les tâches étant les mêmes, le travail est plus intense, on court tout le temps sans pouvoir sortir à l'heure. Les 35 heures dans les services administratifs et logistiques ayant été appliquées avec quelques rares postes supplémentaires, bien des tâches de ces services ont glissé sur les services de soins. L'accueil, l'observation attentive des patients et la vigilance absolument nécessaire à l'admission ont tendance à être expédiés rapidement, et cela d'autant plus qu'un grand nombre d'infirmiers partent en retraite et sont remplacés par des jeunes sans expérience et sans formation réellement adaptée aux pathologies.

Récemment, dans deux unités, les équipes de nuit ont été confrontées à des incidents particulièrement graves: un patient admis dans l'après-midi et venant des Urgences a été découvert accroupi derrière la porte de sa chambre, une arme (chargée de six balles) entre les mains et prêt à faire feu sur d'éventuels assaillants.

L'équipe psychiatrique des Urgences est tellement réduite que, bien souvent, les patients sont examinés par le psychiatre de garde tout seul, qui les oriente comme il peut dans les unités où il y a encore des places. Le service qui l'a accueilli, ouvert (donc hébergeant en principe des patients «légers»), se compose de deux unités, l'une avec une seule infirmière et l'autre avec deux infirmières en tout et pour tout. Elles ont réussi à désarmer ce patient tout en protégeant les autres, mais cela a relevé de l'exploit.

Deux semaines plus tard, dans un autre service de deux unités disposant également de 2 + 1 agents de nuit (2 infirmières et une AMP), un patient très délirant a allumé plusieurs foyers d'incendie dans sa chambre. Il a blessé l'unique agent de nuit de l'équipe Sécurité-incendie voulant le soustraire aux flammes, pendant que les infirmières évacuaient des patients sous contention et dangereux eux aussi. Faute de personnel suffisant sur l'hôpital (notamment masculin) pour maîtriser le patient, l'équipe a dû se résoudre à demander de l'aide... à la police!

Ces deux incidents graves ont un peu affolé la direction, interpellée par les syndicats: pour une fois, elle a admis que le personnel de nuit était trop réduit, mais elle a surtout insisté sur la mise en place de mesures sécuritaires: obtenir le droit de fouiller les malades, demander aux médecins de charger un peu plus les traitements, etc. Alors qu'avec du personnel serein et en nombre suffisant, une prise en charge très vigilante a permis dans le passé d'assurer une bonne sécurité pour tous.

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