Alstom Saint-Ouen (93) : L’application restrictive de la loi sur les longues carrières12/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom Saint-Ouen (93) : L’application restrictive de la loi sur les longues carrières

À l'Alstom de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, la direction achève un plan de 105 suppressions d'emplois. Notre lutte lui ayant imposé de procéder à des mesures d'âge qui devraient éviter des licenciements, on attendait l'application des décrets sur les «longues carrières».

Les décrets sont sortis et, de ce fait, trois salariés au moins devront rester à l'usine alors qu'ils comptaient partir. La direction ayant prévu un système qui prenait en charge les licenciés pendant cinq ans au maximum avant la retraite, la retraite s'éloigne d'autant pour ces trois camarades.

Mais si la loi est compliquée, la direction ne s'est guère souciée de se renseigner et de nous informer correctement, laissant tout le monde dans l'inquiétude. Pourtant elle dispose de services juridiques. Mais elle n'a même pas pris la peine de se renseigner auprès des caisses de retraites! Il a fallu aller chercher les renseignements nous-mêmes.

Il faut dire que le souci de la direction était de supprimer des emplois, et vite, pas de se préoccuper du sort de ceux qu'elle met dehors.

Une loi faite pour ne pas bénéficier aux longues carrières

Au moment de la discussion sur les retraites au printemps dernier, il fallait donner à certains syndicats le prétexte qu'ils cherchaient pour signer les reculs. Ainsi, Fillon, le ministre du Travail, avait promis que les salariés ayant commencé à travailler entre 14 et 16 ans pourraient partir avant 60 ans. Cela paraissait la moindre des choses puisque à cette date ils auraient largement dépassé les 40 années de cotisation exigées des autres salariés.

Mais quand les décrets d'application sont sortis, le nombre de bénéficiaires s'est réduit de près des trois quarts. Tout est fait pour les éliminer.

La loi fait la distinction, pour ces travailleurs et uniquement pour ceux-là, entre les périodes «validées», celles prises en compte pour la retraite, et les périodes «cotisées», celles où les caisses de retraite ont encaissé les cotisations de ces salariés. Il faut que ces travailleurs, qui ont commencé entre 14 ans et 16 ans, aient cotisé 42 années, alors qu'on n'en demande pas tant aux autres. Il faut donc avoir commencé à travailler entre 16 et 17 ans, selon sa date de naissance, car il faut pouvoir valider «cinq trimestres l'année civile de ses 17 ans»: pour partir au 31 décembre 2003, un salarié né le 30 septembre 1945, qui a eu 17 ans en 1962, devrait donc avoir travaillé sans interruption depuis le 1er octobre 1961. Le service militaire est reconnu, mais seulement à hauteur de quatre trimestres, alors qu'on faisait plus de douze mois dans les années 1960. Les périodes de chômage ne comptent pas pour la retraite: elles sont «validées», mais pas «cotisées». Enfin, des périodes de maladie, de maternité et même d'accident du travail(!) trop longues peuvent obliger le salarié à prolonger son activité. Le calcul, particulièrement injuste, pénalise les bas salaires: on compte autant de trimestres dans une année qu'on a gagné une somme équivalant à 200 Smic horaires de l'époque (dans la limite de quatre trimestres par an, bien sûr).

Tout cela est bien compliqué et les décrets d'application sont clairs comme du jus de chique. Mais le but, lui, il est clair: éliminer le plus de travailleurs possible du bénéfice de la loi.

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