La mise en place du RMA : Le patronat peut dire encore une fois merci à Fillon19/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1842.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La mise en place du RMA : Le patronat peut dire encore une fois merci à Fillon

François Fillon est constamment sur la brèche. Ce ministre des Affaires anti-sociales et du Travail poursuit systématiquement son entreprise de démolition des droits sociaux, après s'être occupé, il y a quelque temps, du démantèlement de la retraite des salariés.

Sa malfaisance se déploie dans «la refonte» des règles de la négociation collective, qui permettrait au patronat de remettre en cause des mesures prises au niveau interprofessionnel par des accords de branche, et même des accords d'entreprise qui pourraient être encore moins favorables aux salariés en dérogeant aux accords de branche. Au bout de la chaîne, tout se déciderait au niveau de chaque patron qui n'aurait en face de lui que des interlocuteurs qu'il aurait choisis: comme c'est déjà le cas aujourd'hui dans bien des entreprises.

Autre volet de son activité destructrice, la mise en place du RMA (le Revenu minimum d'activité), dont la création doit être confirmée par l'Assemblée nationale ces jours-ci, qui devrait compléter, nous disent les sirènes du gouvernement, le RMI.

Il s'agit de proposer à ceux (ils sont 1,07 million) qui touchent le RMI (sigle qui signifie, rappelons-le, «Revenu minimum d'insertion») un Revenu minimum d'activité à hauteur du Smic pour un travail de 20 heures minimum par semaine dans une entreprise du secteur privé ou du secteur associatif. Pour les bénéficiaires (si l'on ose les appeler ainsi) de cette formule, cela se traduirait par 183 euros de plus que ce qu'ils touchaient comme Rmistes.

Mais le véritable bénéficiaire ne sera pas tant le salarié que son patron. Ce dernier percevra, grâce à cette formule, l'équivalent du RMI, qui lui sera versé à partir de 2004 par le département; il n'aura donc que 183 euros par mois à sortir de son escarcelle. Ce n'est pas encore le travail forcé, mais c'est déjà du travail à très bon marché. Ce serait, ose affirmer ce ministre du Travail, des Affaires sociales et de... la Solidarité (la solidarité avec le baron Seillière fonctionne au mieux), une mesure ayant pour objectif de «sortir le Rmiste d'une situation d'assistance» et de «rendre incitatifs les revenus du travail».

On retrouve là la rengaine que nous serinent les ministres et la droite (la gauche en son temps avait, elle aussi, repris cette chanson, notamment Martine Aubry qui avait caressé un projet de ce type): les chômeurs et les Rmistes s'installeraient dans l'assistanat, pour ne pas dire plus crûment comme on l'entend dans les milieux réactionnaires, qu'ils ne seraient rien d'autre que des fainéants , profitant de l'aubaine des allocations chômage et du RMI.

Mais qui use et abuse des «effets d'aubaine», sinon les patrons de tout calibre? Ils empochent subventions, dégrèvements d'impôts et maintenant le RMA. Les Rmistes qu'on va leur proposer comme main-d'oeuvre quasi gratuite, ils les embaucheront, s'ils le veulent bien, le temps qu'ils voudront puisqu'il s'agira de contrats à durée limitée. Ce ne sera pas pour créer des emplois: dans la quasi-totalité des cas, cela permettra à des patrons d'utiliser ces RMA qu'on leur procurera, en les substituant à des salariés payés au salaire pratiqué dans la banche. Ce sera, comme le dénoncent les syndicats, du «dumping» salarial.

Fillon se fixe comme objectif la création d'au moins 100000 RMA en 2004, de 400000 à plus long terme. L'ambition du ministre reste somme toute modeste, comparée au million de Rmistes actuel. Et combien demain, au rythme des plans sociaux et des suppressions de droits des chômeurs? À moins que, dans son zèle dévastateur des droits sociaux, ce gouvernement ne décide purement et simplement de supprimer le RMI? Il en serait bien capable...

Et si, à la place de leurs RMI et RMA, on mettait en place la RMTC, la Révolte massive des travailleurs et des chômeurs?

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