Catastrophe du pic de Bure : Des économies assassines19/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1842.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Catastrophe du pic de Bure : Des économies assassines

Neuf personnes comparaissent jusqu'au 28 novembre devant le tribunal correctionnel de Gap pour «homicides involontaires», dans le cadre de l'accident survenu au téléphérique du pic de Bure dans les Hautes-Alpes.

L'accident remonte au 1er juillet 1999. Il avait fait vingt morts, des techniciens et des ouvriers montés dans le téléphérique pour aller prendre leur service tôt le matin à l'Observatoire du pic de Bure, situé à plus de 2700 mètres d'altitude. La cabine, qui abordait la partie la plus abrupte de son ascension, a glissé en arrière sur le câble, avant de se décrocher et de faire une chute de 80 mètres.

L'expertise technique a mis en évidence une série de négligences dans l'utilisation et la maintenance de ce téléphérique privé, qui n'était pas astreint aux règles de sécurité des téléphériques transportant le public.

Ainsi, l'installation a été soumise à des efforts beaucoup plus importants que ceux prévus à sa conception. Le système de freinage a été également mis en cause, le frein de chariot ayant été désactivé en juillet 1984 et enlevé en 1986. L'Institut de radioastronomie millémétrique (Iram), dépendant du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) qui exploitait le téléphérique s'est vu reprocher d'avoir embauché du personnel non qualifié pour la maintenance de l'équipement. Enfin, on a relevé d'autres détails, portant par exemple sur la sorte de cire censée protéger le câble de la corrosion: elle avait dépassé de cinq ans la date limite d'utilisation et, en perdant ses solvants, aurait agi comme une graisse.

258 personnes se sont portées partie civile dans ce procès. Une quarantaine d'avocats doivent intervenir contre les prévenus, qui sont, entre autres l'Iram, le CNRS, la Caisse régionale d'assurance maladie du Sud-Est (Cram)... Ceux-ci ont commencé par se renvoyer mutuellement la responsabilité de l'accident.

Alors, même si le procès ne permet pas d'établir les responsabilités de chacun, il est clair que le souci d'économiser sur le moindre centime est directement en cause dans cette catastrophe. Une fois de plus cet accident souligne que, dans notre société, les priorités sont l'argent et le rendement. Et c'est bien cela qui est criminel!

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