Etats-Unis : Reprise incertaine, profits garantis05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Reprise incertaine, profits garantis

Les commentateurs ont monté en épingle le chiffre de la croissance de l'économie américaine, publié le jeudi 30 octobre: 7,2% «en rythme annuel», pensez-donc, c'est un chiffre record, jamais vu depuis 1984! Il n'en fallait pas davantage pour que se multiplient, ici comme là-bas, les proclamations sur la fin du marasme économique aux États-Unis... et surtout, que grâces soient rendues aux baisses d'impôts décidées par Bush, qui seraient à l'origine de ce rebond.

Il s'agit néanmoins d'une double escroquerie.

Tout d'abord, parce que le chiffre de 7,2% n'est qu'une fiction statistique, obtenue en multipliant par quatre le chiffre trimestriel réellement constaté (1,8%). Or rien, à part les besoins de la propagande, ne justifie une telle extrapolation. L'économie capitaliste est par nature imprévisible et erratique, et personne parmi les «experts» ne peut affirmer que la croissance pourra maintenir ce rythme pendant encore trois trimestres. Il est même fort vraisemblable que ce ne sera pas le cas.

Après deux ans de stagnation, voire de franche récession, il est certes possible que la production américaine soit sur le point de renouer avec une certaine croissance. Mais crier au «record» et au «miracle» apparaît bien prématuré, et surtout bien intéressé.

Car si, ici, le gouvernement et bien des journalistes ont mis l'accent sur le rôle prétendu des baisses d'impôts dans cette possible reprise, c'est évidemment pour convaincre l'opinion que les cadeaux fiscaux faits aux riches vont dans le sens de l'intérêt général. Et qu'en servant ainsi la soupe aux plus fortunés, le gouvernement Raffarin remplira aussi l'assiette de toute la population.

Sauf que, pour le peu qu'on puisse savoir, les signes de reprise aux États-unis ne doivent pas grand-chose aux baisses d'impôts pour les plus riches -qui ne consomment guère plus lorsqu'ils reçoivent de l'argent supplémentaire. De même qu'en 1984, le «rebond», si c'en est un, survient après une récession particulièrement sévère. Et l'oscillation de la production vers le haut est simplement à la mesure de ses oscillations précédentes vers le bas. Il s'agit de la marche en zigzags de la production capitaliste, selon les fameuses «lois du marché».

La politique des gouvernements n'y entre pas pour grand-chose. Mais elle profite de l'occasion pour creuser les inégalités et aggraver la situation des travailleurs, qui eux ne sont même pas certains que le chômage reculera, ne serait-ce qu'un peu.

Reprise économique ou non, les Américains les plus riches auront donc empoché 100 milliards de dollars de baisses d'impôts, tandis que la majorité de la population devra subir encore un peu plus la dégradation des services publics.

De chaque côté de l'Atlantique, la bourgeoisie mène la même politique. En utilisant les mêmes mensonges.

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