Sans-abri : Victimes du froid... et du gouvernement29/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1839.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-abri : Victimes du froid... et du gouvernement

Comme chaque hiver, avec le retour du froid, les sans-abri sont en danger. Et comme chaque année à pareille époque, les ministres y vont de couplets faussement compatissants prenant des poses devant les caméras, en promettant de s'attaquer au problème avec vigueur. Mais on constate que rien ou presque n'a été prévu, d'une année sur l'autre, et que le nombre de places dans les asiles reste notoirement insuffisant.

Cette année, le premier week-end de froid a déjà emporté un sans-logis. Et ce n'est sans doute, hélas, qu'un début.

Dans ce pays parmi les plus riches du monde, il existe des centaines de milliers de logements vides. Les moyens d'en construire de nouveaux ne manquent pas, Et pourtant il y a en permanence entre 300000 et 500000 sans-logis. Mais les capacités d'hébergement, elles, ne sont au mieux que de 90000 places, en mettant bout à bout celles des organismes gouvernementaux et celles des associations caritatives.

Dominique Versini, la secrétaire d'État chargée de la lutte contre l'exclusion, a déclaré il y a quelques jours qu'elle souhaitait «qu'aucune famille avec enfant (autrement dit, les adultes peuvent crever!) ne passe la nuit dans la rue». Après le cynisme dont le gouvernement a fait preuve lors de l'hécatombe due à la canicule de cet été, on ne voit pas ce qui le dissuaderait d'en manifester autant en cas de vague de froid cet hiver.

Cela fait des années que cela dure, et que les gouvernements se succèdent sans rien faire pour remédier à ce drame. Pire, en menant systématiquement une politique favorable aux intérêts du grand patronat, en acceptant les plans sociaux, en diminuant le budget du logement social, en coupant les allocations chômage, ou même en laissant les salaires dégringoler, ils fabriquent méthodiquement de nouvelles cohortes de pauvres qui viennent grossir les rangs des sans-logis.

Et ceux d'entre eux qui périssent, faute de soins ou d'un simple toit, sont des victimes de la guerre sociale que le patronat mène contre le monde du travail.

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