La Poste : Suppressions massives d’emplois29/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1839.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Suppressions massives d’emplois

Dans les deux ans qui viennent, ce sont plusieurs milliers d'emplois que La Poste a l'intention de supprimer rien que sur la ville de Paris. Ces réductions d'effectifs sont présentées comme le résultat de réorganisations diverses, frappant l'une les facteurs, l'autre le personnel des centres de tri, ailleurs encore celui des directions ou des centres qui distribuent la publicité. Voire encore les centres financiers qui gèrent les chèques postaux et la Caisse Nationale d'Épargne. Mais il s'agit en réalité d'un seul et même plan, visant à rendre La Poste plus rentable en diminuant le personnel. La direction fait croire à tous ceux qui sont menacés qu'ils pourront sans problème se recaser ailleurs. Mais bien fou qui s'y fierait! Tous les secteurs étant touchés, il est d'ores et déjà clair que bon nombre de travailleurs resteront sur la touche si elle arrive à ses fins.

Il y a d'abord la distribution du courrier par les facteurs. La Poste a annoncé son intention d'y réduire les effectifs de 20%, prenant prétexte d'une mécanisation plus poussée dispensant les facteurs d'une partie du tri jusque-là effectué manuellement. Le premier bureau où cela a été mis en place est celui du 6e arrondissement, Paris 06, en avril dernier, suscitant à l'époque un mouvement de protestation dans tous les bureaux de la capitale. On mesure aujourd'hui les conséquences de cette restructuration. 23 emplois ont été supprimés, et 11 personnes sont aujourd'hui priées d'aller voir ailleurs, dont 4 contractuels qui peuvent être licenciés. Cela malgré les promesses de la direction. Les autres bureaux vont suivre, en commençant sous peu par Paris 05 et Paris 07... Au total, ce sont plus de 1000 emplois qui devraient ainsi être supprimés à la distribution du courrier sur l'ensemble de la capitale. Et cela alors que chaque jour, sur la plupart des arrondissements, des tournées sont «à découvert», c'est-à-dire que le courrier n'y est pas distribué faute de personnel.

Dans le même temps, La Poste a décidé la fermeture progressive de l'ensemble des centres de tri du courrier situés dans Paris. D'ici avril 2005, un nouveau centre, ouvert à Gonesse dans le Val-d'Oise, va récupérer le trafic des centres de tri qui couvrent les huit arrondissements du nord de Paris: La Chapelle, Saint-Lazare, Paris 11, Paris 17 et Paris 20 et une partie du tri effectué manuellement dans les bureaux. 1400 postiers sont concernés. 400 à 500 devraient rester sur Paris pour collecter le courrier des boîtes à lettres et des entreprises. Mais pour les autres, La Poste ne prévoit que les 600 emplois de Gonesse, dont une partie seront occupés par des postiers venant des centres de banlieue qui ferment également. Là aussi, les promesses selon lesquelles «il n'y aura pas de problème» commencent à faire long feu. Au Centre de Tri La Chapelle qui doit fermer en mars 2004, 90 postiers ne savaient toujours pas ce qu'ils allaient devenir.

La distribution des publicités est également touchée. La Poste a racheté à Vivendi-Universal sa filiale Delta Diffusion, avec laquelle elle était jusque-là en concurrence pour cette activité. Elle a donc décidé de fermer les Unités de Diffusion Postale où 5000 postiers, dont un certain nombre à Paris, distribuaient ces publicités sans adresse. On leur a bien sûr fait des promesses de reclassement... ailleurs. Mais en province, des licenciements sont en cours. Même les directions ne sont pas épargnées. À l'issue de leur réorganisation, le nombre de personnes y travaillant pourrait passer de 1000 à moins de 400 sur Paris.

Ce plan massif de réductions d'emplois dans la capitale est à l'image de celui que La Poste entend mettre en oeuvre à l'échelle de tout le pays, fermant des centres de tri, supprimant des bureaux en zone rurale comme dans les banlieues. De nombreux postiers pourraient y perdre leur emploi, à commencer par les contractuels, CDD ou CDI, qui constituent aujourd'hui plus de 30% des effectifs de La Poste. À l'avenir, il n'est pas impossible qu'il en soit de même pour les fonctionnaires. Et tous seront de toute façon frappés par les mutations forcées, le bouleversement des horaires et des conditions de travail que veut imposer la direction. Le service rendu aux usagers continuerait à se dégrader. Tout cela pour que La Poste devienne rentable en quelques années, c'est-à-dire suffisamment attractive aux yeux des capitalistes pour que l'on puisse envisager sa privatisation, d'un bloc ou par morceaux.

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