Du RMI au RMA : Comment tirer profit des pauvres29/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1839.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Du RMI au RMA : Comment tirer profit des pauvres

A l'occasion des rodomontades de Bayrou, qui a fait mine de s'opposer à la limitation de la durée de versement de l'ASS, l'indemnisation ultime du chômage appelée allocation de solidarité spécifique, le gouvernement a répondu que lorsqu'ils n'auront plus droit à l'ASS, les chômeurs «bénéficieront» du RMA (revenu minimum d'activité). Mais qu'est-ce qui se cache derrière ce dispositif auquel Raffarin prépare doucement l'opinion depuis des mois?

Au départ, le RMA était un aménagement destiné à ceux qui touchent le RMI depuis deux ans et plus, et qui représentent près de 60% des allocataires.

Mais il deviendrait aujourd'hui une nouvelle forme de travail, quasiment gratuit pour les patrons. Concrètement, il s'agit de mettre une grande partie des RMIstes à la disposition des employeurs qui le souhaitent, à mi-temps, en continuant de leur payer le RMI. L'employeur n'aurait qu'à payer le complément pour arriver au montant d'un demi- Smic.

Aujourd'hui, le RMI s'élève à 362 euros pour une personne seule. Si l'employeur rajoute 232 euros, on arrive au montant du Smic, calculé sur 20 heures hebdomadaires, soit 594 euros. Sur cette somme le bénéficiaire -si l'on peut dire- payera 49 euros de charges sociales alors que l'employeur en sera, bien sûr, exonéré. Au total, ce dernier bénéficiera donc du travail d'un salarié à mi-temps en lui versant 232 euros!

Qui plus est, le gouvernement ne se soucie pas trop des détails de la mise en application. Le RMI-RMA sera géré, dans le cadre de la décentralisation, par les départements. Après avoir imaginé ce dispositif très réduit et uniquement profitable aux employeurs, il s'en débarrasse sur les départements, en leur transférant des moyens financiers, eux aussi réduits au «minimum».

Partager