Déremboursement des médicaments : L’industrie pharmaceutique s’engraisse29/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1839.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Déremboursement des médicaments : L’industrie pharmaceutique s’engraisse

Depuis le 24 septembre, 84 médicaments ne sont plus remboursés par la Sécurité sociale, dont des médicaments contre la douleur, contre la toux ou encore des collyres et des pommades. Ils sont les premiers d'une liste de plus de 600 médicaments qui vont subir le même sort dans les deux prochaines années, au prétexte que leur «service médical rendu» serait «insuffisant», voire que certains seraient nocifs.

Mais il faut savoir. Soit ces médicaments sont dépassés voire dangereux et aujourd'hui remplaçables par des médicaments plus efficaces, auquel cas ils n'ont plus à être fabriqués, soit pour l'instant il n'y a rien de mieux, et pourquoi ne les mettre à la disposition que de ceux qui ont les moyens de se les payer? Car bon nombre des médicaments de la liste des «déremboursés» continuent à être fabriqués puis vendus en pharmacie. Mais cher, très cher! Par exemple des comprimés de Néo-Codion, un médicament contre la toux, ont pratiquement doublé, passant en un mois de 2,50 euros à 3,50 euros la boîte, et un collyre jusqu'ici vendu à 2,17 euros s'achète désormais à plus de 11 euros, près de cinq fois plus cher!

En effet si, pour les médicaments remboursés, les laboratoires sont contraints de se soumettre aux prix fixés par le ministère et autres autorités administratives de la Santé, dès lors que ces médicaments ne sont plus remboursés, les mêmes laboratoires sont libres de fixer leur prix de vente. De plus, ils peuvent alors faire de la publicité à la télévision, dans les journaux et dans les vitrines des officines... afin de gagner de nouveaux consommateurs.

Comme en témoignent les placards publicitaires contre le rhume ou la constipation qui s'étalent aujourd'hui en devanture des pharmacies, nombre de laboratoires choisissent, sans y être aucunement contraints, de dérembourser eux-mêmes certains de leurs médicaments. Ce n'est pas l'état de nos nez et de nos intestins qui les préoccupe mais la prospérité de leurs portefeuilles. Car pour eux, les médicaments sont des marchandises comme les autres. Ils sont d'abord faits pour être vendus avec profit et, s'ils soignent, ce n'est en quelque sorte qu'un effet secondaire.

Voilà bientôt trente ans que les gouvernements successifs diminuent les remboursements de médicaments, sous prétexte de combler un «trou» dans le budget de la Sécurité sociale. En 1977, le plan Veil avait inauguré en la matière en faisant passer de 70 à 40% le remboursement de médicaments dits alors «de confort», puis survinrent les plans Bérégovoy, Dufoy, Évin, Juppé, les mesures Aubry, etc. Le «trou» n'a fait que s'agrandir, les plus démunis ont de moins en moins accès aux soins, mais les laboratoires, eux, ont vu leurs profits s'envoler.

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