Israël-Palestine : La fuite en avant de Sharon09/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : La fuite en avant de Sharon

Pour la première fois depuis près de 30 ans l'aviation israélienne a bombardé la Syrie. Officiellement il s'agissait de frapper un camp d'entraînement du Djihad islamique palestinien qui s'y trouvait. Et la justification était de venger l'attentat de Haïfa, en Israël, commis peu de temps avant par une kamikaze palestinienne, qui a fait 19 morts. Mais la kamikaze, une jeune femme, voulait elle-même venger des membres de sa famille abattus précédemment par les Israéliens lors d'un raid en Cisjordanie.

Ainsi les Israéliens ont beau multiplier les assassinats "ciblés" de militants palestiniens, ils font surgir continuellement de nouvelles vocations de "martyrs" prêts à sacrifier leur vie, pour se venger, du moment qu'ils emportent dans la mort des Israéliens.

La politique terroriste des Israéliens envers les Palestiniens est un échec. Non seulement les Palestiniens ne se découragent pas, mais l'incessant quadrillage militaire des Israéliens en Cisjordanie et à Gaza, les raids qui se renouvellent, le mur destiné à séparer Israël de la Palestine, tout cela n'empêche pas que des Palestiniens se fassent régulièrement sauter avec des explosifs au milieu d'Israéliens.

Des responsables israéliens déclarent que les huit ou neuf dixièmes des attentats sont déjoués grâce à leurs mesures préventives, à leur surveillance, etc. Si c'est vrai, cela signifie que le nombre des tentatives est huit ou neuf fois plus important que les attentats qui réussissent. Autant dire que le flot du terrorisme palestinien n'est pas près de se tarir!

Le gouvernement israélien accuse régulièrement l'Autorité palestinienne d'Arafat de ne pas prendre des mesures sérieuses pour lutter contre les attentats. Mais dans le cas de l'attentat de Haïfa, où semble-t-il la propre famille de la jeune femme n'était pas au courant de ses intentions, on voit mal ce que l'Autorité palestinienne aurait pu faire de plus que n'ont pas réussi à faire les Israéliens.

Ce n'est pas l'Autorité palestinienne, c'est la répression israélienne, terroriste elle aussi, qui nourrit le terrorisme palestinien.

Aussi, faute de trouver la seule solution acceptable pour les deux peuples, à savoir la fin de l'occupation israélienne, le démantèlement des colonies juives, la reconnaissance des droits des Palestiniens, les dirigeants israéliens sont conduits à une fuite en avant, pour tenter de sortir de l'impasse.

Il y a quelques semaines ils menaçaient d'enlever ou de tuer Arafat. Cette fois ils ont bombardé la Syrie. Avec aussi peu d'effet dans un cas que dans l'autre.

Ils l'ont fait d'autant plus aisément que la Syrie n'est pas, militairement, en état de riposter, et parce que cela correspond probablement aux voeux et à la politique des États-Unis, ou en tout cas que cela ne leur déplaît pas.

Après ce bombardement, tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné l'agression, sauf... les États-Unis. Leurs représentants n'ont eu, en guise de commentaires, que des condamnations envers la Syrie, pourtant victime, mais qui se trouve, selon eux, "du mauvais côté de la guerre contre le terrorisme".

Les États-Unis sont empêtrés en Irak, comme les Israéliens sont empêtrés en Palestine, et lorsqu'on ne se sort pas d'un problème, la pseudo-solution de la fuite en avant consiste parfois à frapper un pays voisin, accusé de tous les maux. Mais cela ne réglera rien, pas plus pour Bush que pour Sharon.

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