Proche-Orient : Le prix de la répression02/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Le prix de la répression

Depuis trois ans, la seconde Intifada, déclenchée en septembre 2000 par la visite de Sharon sur l'esplanade du Temple de Jérusalem, a fait près de 3 500 morts (3 497 exactement) et plus de 25000 blessés. Les trois quarts des morts et des blessés sont Palestiniens, mais les Israéliens ont aussi à déplorer 822 morts et 5000 blessés.

À ce désastre vient s'ajouter, en Israël, la récession économique. L'occupation et la guerre permanente avec les Palestiniens n'en sont pas les seules causes. L'économie israélienne a beaucoup souffert de l'effondrement des «start-up» américaines, auxquelles elle était très liée, ainsi que de la stagnation économique mondiale. Mais les frais de la colonisation et de l'occupation viennent s'y ajouter et sont énormes. La presse israélienne tente d'en évaluer le coût. Selon le journal Haaretz, les colonies juives dans les territoires occupés ont coûté, depuis leur installation en 1967, l'équivalent de 9 milliards d'euros et l'Intifada aurait coûté, selon le jounal Yediyot Aharonot, l'équivalent de 15milliards d'euros, chiffre considérable pour le petit pays qu'est Israël, et qui aurait fait baisser le niveau de vie de la population de 6%.

Aujourd'hui le chômage est en passe d'atteindre son record historique avec 11% de la population israélienne active, et le budget qui vient d'être voté est particulièrement catastrophique pour les chômeurs et les pauvres.

Le sionisme prétendait, à l'origine, créer un pays où les Juifs persécutés pourraient vivre en paix. La paix n'a jamais vraiment existé et s'éloigne même plus que jamais, du fait de la politique du gouvernement israélien. Les Palestiniens payent le prix fort de ce désastre. Mais les Israéliens payent aussi très cher.

Le gouvernement Sharon dénonce les attentats suicides commis par des jeunes Palestiniens désespérés. Mais c'est toute sa politique qui nourrit le terrorisme palestinien. La politique des attentats aveugles menée par le Hamas et d'autres est injustifiable vis-à-vis de la population israélienne et même vis-à-vis des kamikases dont elle exploite le désespoir. Mais il faut aussi constater que même lorsqu'une trêve des attentats a été acceptée par le Hamas, la répression «ciblée» contre des dirigeants palestiniens l'a aussitôt fait s'envoler. Le gouvernement Sharon, en réalié, choisit la guerre à outrance contre les Palestiniens en Israël. Et pour lui, les victimes israéliennes sont le prix à payer pour cette guerre sans fin.

Pour le moment, les Israéliens ne voient pas d'alternative et, faute de mieux, suivent Sharon. Il n'y a pourtant pas d'autre alternative que de reconnaître aux Palestiniens le droit à l'État qu'ils réclament, et de trouver avec eux les moyens d'une coexistence fraternelle des deux peuples. Mais pour cela il faudrait commencer par se débarrasser de Sharon et rompre avec cette politique menée dans le passé par les gouvernements travaillistes tout comme par les gouvernements de droite, et qui est le principal obstacle à la paix et à la sécurité... des Israéliens eux-mêmes.

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