Le rêve de Fillon et des patrons : Des contrats à durée déterminée... pour tous !02/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le rêve de Fillon et des patrons : Des contrats à durée déterminée... pour tous !

Pas étonnant que le baron Seillière et le Medef se déclarent satisfaits du gouvernement Raffarin. Ses ministres se mettent en quatre pour les servir. Comme ce ministre dit des Affaires sociales, François Fillon, qui a l'intention de nettoyer le code du travail de tout ce qui gêne le patronat .

Il faut, dit-il, «actualiser notre droit du travail» et rendre le marché de l'emploi «plus fluide, plus ouvert, plus efficace».

Le chômage augmente, les plans sociaux se succèdent, les fusions d'entreprises s'accompagnent de suppressions d'emplois, mais Fillon reprend une vieille idée du Medef consistant à réclamer le droit d'embaucher des travailleurs en contrat à durée déterminée... pour une durée illimitée; le droit en fait de généraliser la flexibilité de l'embauche, des horaires de travail, des salaires.

Le Medef envisageait de mettre sur pied des «contrats de projet», des «contrats de mission», comparables aux «contrats de chantiers» qui existent depuis longtemps dans le bâtiment et les travaux publics. Aujourd'hui, Fillon parle de «définir un nouveau contrat de travail correspondant à une durée de projet», ce qui est exactement la même chose. Ainsi, un industriel pourrait embaucher des ouvriers pour le temps de la mise en route d'une entreprise, ou du lancement d'un prototype, puis à la fin de cette «mission» (dont il n'est même pas dit que la durée devrait être précisée) débaucher sans autre forme de procès ces travailleurs. Ils appellent cela «organiser la mobilité» alors qu'il s'agit d'organiser le chômage et l'exploitation renforcée. Ils en parlent comme d'un projet permettant «de réintégrer plus rapidement les chômeurs» dans un emploi, alors qu'il s'agit de transformer des travailleurs, chômeurs mais aussi ceux qui ont déjà un emploi, en main-d'oeuvre licenciable à tout moment, sans aucun droit ni recours. En finir avec les rares protections qu'offrent aux salariés la loi et le code du travail, voilà le rêve des industriels du Medef, de tous les patrons, petits et grands.

La remise en cause de la loi des 35 heures, version Martine Aubry, instaurant flexibilité et annualisation du temps de travail, fait aussi partie du projet de la «grande loi sur l'emploi» que Raffarin promet d'ici à la fin de l'année. Il faut toujours plus de «souplesse dans l'application de la réduction du temps de travail» précise le porte-parole du gouvernement. Récemment, Fillon s'interrogeait: «Est-il normal que ce soit la loi qui fixe pour toutes les entreprises, pour tous les domaines, les conditions dans lesquelles le temps de travail doit être décidé?»

Faire sauter le verrou représenté par la législation du travail, généraliser la précarité de l'emploi, voire supprimer les ANPE et laisser les entreprises et les patrons régir les demandes d'emploi, et si possible réaliser tout cela avec la caution des organisations syndicales, telles sont les voies sur lesquelles s'engage ouvertement le gouvernement. Raffarin fait semblant de s'intéresser au sort des chômeurs, parlant du droit à la formation et au reclassement des licenciés et des chômeurs. Mais en 2002, le nombre de cellules de reclassement a grossi à la mesure du nombre des fermetures d'entreprises. A peine le quart des licenciés a retrouvé un emploi à durée indéterminée, et ce pourcentage risque de diminuer encore si les nouveaux projets Raffarin-Fillon passent.

Le droit du travail inscrit dans la loi un certain nombre de limitations à l'exploitation qui sont le fruit des luttes de l'ensemble de la classe ouvrière. Au lieu de les démanteler, il faut imposer leur respect et son amélioration et cela peut dépendre de la détermination du monde du travail.

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