Italie : Retraite avec 40 ans de cotisation et travailleurs corvéables à merci02/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Retraite avec 40 ans de cotisation et travailleurs corvéables à merci

Le gouvernement Berlusconi vient de décider, à son tour, sa réforme des retraites.

Selon son projet, à partir du 1er janvier 2008, les travailleurs italiens ne pourraient plus partir en retraite s'ils ne totalisent pas 40 ans de cotisations, alors qu'ils peuvent aujourd'hui partir après 35 ans de cotisations et à condition d'avoir au moins 57 ans.

Berlusconi se décerne à lui-même pour cette mesure le titre de «gouvernement courageux» et déclare que l'État, qui est «la grande famille de tous les Italiens» doit programmer la façon dont on paiera les retraites en 2030. En fait, comme tous ses congénères européens, il prévoit surtout de ne s'en prendre sous aucun prétexte aux profits patronaux pour payer les retraites.

Et, pendant que les syndicats italiens, comme toujours, réagissent avec lenteur en programmant quatre heures de grève pour le 24 octobre, le même gouvernement Berlusconi met en application une autre de ses «réformes»: une libéralisation du marché du travail dans laquelle le génie inventif des patrons en matière d'exploitation se donne libre cours.

On trouve au nombre des nouveautés le «travail sur appel»: un travailleur se déclare disponible pour un patron. Si celui-ci l'appelle, il doit venir et est alors payé. S'il ne l'appelle pas, tant pis, il doit se contenter d'une modeste indemnité.

Et puis, il y a le «travail en couple»: un seul poste de travail et un seul salaire pour deux personnes. Si l'un est malade, c'est l'autre qui doit venir, évitant d'avoir à payer au premier des indemnités maladie.

Il y a aussi le «travail en location», par lequel la location de travailleurs intérimaires pourrait se faire sans limite de temps.

Autre «nouvelle forme de travail», le «travail sur projet»: on travaille pour «un projet» (que tout patron peut évidemment définir comme il veut), moyennant quoi le «projet» fini on peut être licencié sans aucun droit.

À cela s'ajoutent d'autres mesures, notamment l'abolition des dispositions qui pouvaient rendre plus difficile la vente de branches d'entreprises avec leurs travailleurs, et de celles qui interdisaient le «marchandage », c'est-à-dire les agences de travail privées pouvant faire commerce de la main-d'oeuvre.

Des travailleurs précaires, à leur disposition totale et sans aucune garantie, devant travailler de plus en plus vieux pour une retraite de misère, voilà le rêve que les patrons italiens sont en train de réaliser sous le gouvernement Berlusconi; après que le terrain a été bien préparé, préalablement, par les gouvernements de centre-gauche pour ce retour au dix-neuvième siècle.

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