Air-France-KLM : Un gâteau mondial en plein ciel02/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air-France-KLM : Un gâteau mondial en plein ciel

Le rapprochement de KLM et d'Air France est une péripétie d'un plus vaste mouvement qui voit des compagnies, victimes de la concurrence, disparaître ou tomber dans l'escarcelle de plus puissantes qui pilotent quatre (et bientôt plus que trois) grands regroupements mondiaux constitués chacun autour de deux géants aériens de part et d'autre de l'Atlantique.

Ainsi, les compagnies d'Europe centrale et orientale n'ont eu d'autre choix que de se proposer comme relais aux géants aériens ouest-européens... quand ils ne se contentent pas d'exploiter leurs lignes les plus rentables en «code sharing» (un vol partagé par plusieurs compagnies), tel Air France avec la polonaise Lot ou la russe Aeroflot.

Sans que cela change grand-chose à cette dépendance, la tchèque CSA a intégré Skyteam, le groupement international que dominent Delta et Air France. On y trouve Aeromexico, Korean Air et Alitalia qui, mal en point financièrement, avait tenté de s'allier à KLM avant de passer, de fait, sous la coupe d'Air France. D'autres compagnies de taille moyenne ont connu ce sort. British Airways vient de récupérer Swiss, héritière de Swissair, disparue dans un krach où elle entraîna Air Liberté, mais pas le financier de haut vol Seillière, dont les affaires n'ont pas pâti dans l'affaire. Lufthansa, elle, semble avoir des chances d'attirer dans son orbite SAS, la compagnie scandinave.

L'accord d'Air France avec KLM aura aussi des répercussions de taille: le groupe dont faisaient partie KLM et ses partenaires américaines pourrait être absorbé par Skyteam. Ne resteraient donc en piste que cette dernière et deux autres alliances géantes, Star (Lufthansa-United) et Oneworld (British Airways-American Airlines). Pendant que ces grands groupes se repartagent le ciel, en avalant toutes les compagnies qui passent à leur portée, les prix ne diminuent pas vraiment pour les passagers. En revanche, les effectifs salariés du transport aérien, eux, chutent par milliers chaque année. Ainsi à AOM-Air Liberté et Air Littoral en France, à Swissair en Suisse, à Sabena en Belgique... pour ne citer que les exemples les plus proches dans le temps et dans l'espace.

Quant aux profits de cette guerre du ciel, meurtrière pour les emplois, ils sont à l'abri de paradis fiscaux (on l'a vu dans la faillite d'Air Lib) ou des législations fiscales les plus douces en Europe ou ailleurs. Ainsi la holding Air France-KLM aura son siège en France mais sera enregistrée aux Pays-Bas, «oasis» fiscale bien connue des multinationales.

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