SCIA La Chapelle-d’Armentières (59) : Patrons et margoulins complices05/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1831.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SCIA La Chapelle-d’Armentières (59) : Patrons et margoulins complices

Depuis juin 2000, les salariés de l'imprimerie SCIA à la Chapelle-d'Armentières (Nord), essayent d'empêcher la fermeture de leur entreprise. Finalement, Léonce-Michel Deprez, notable bourgeois de la région, a eu gain de cause: ce qui restait de l'entreprise a été mis en liquidation judiciaire et les 75 derniers salariés ont été licenciés.

En trois ans, tout y sera passé. Le tribunal de commerce de Lille qui permet obligeamment à L.-M. Deprez (président de la Chambre de commerce de Béthune, fils du député-maire du Touquet, à la tête d'une imprimerie à Ruitz dans le Pas-de-Calais) de racheter celle de la Chapelle-d'Armentières pour une valeur sous-évaluée; puis, un an plus tard, d'engager un redressement judiciaire.

Ensuite, l'administrateur judiciaire propose, bien avant la fin du délai de six mois, la liquidation pure et simple de l'entreprise. Les rotatives de grande valeur pourraient ainsi revenir vers L.-M. Duprez. Début 2003, alors que le tribunal de Lille avait fini par accepter la reprise sous la pression des manifestations et de quatre mois d'occupation de l'entreprise, le repreneur se révéla être un margoulin -dont ce n'était pas le premier mauvais coup- qui encaissa les factures mais ne paya pas les fournisseurs. Bien moins conciliant qu'avec ses gros clients, EDF coupa le courant! Et l'entreprise a été mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris.

Entre-temps, en avril 2002, Deprez avait porté plainte contre les salariés pour la destruction de quelques palettes de magazines, des pneus brûlés et des jets d'encre contre la façade de son imprimerie à Ruitz. Quatorze mois plus tard, en juin 2003, la police arrêtait cinq salariés à leur domicile, devant leur famille, menottes aux poignets, avec mobilisation massive de véhicules et d'uniformes... Pour n'être pas en reste, le tribunal de Béthune mettait en examen six salariés et les plaçait sous contrôle judiciaire, réclamant une caution de 200 euros par salarié et par mois pendant un an, dans l'attente du jugement !

Fin août, la chambre d'appel de la Cour de Douai a quand même dû lever le contrôle judiciaire et les cautions frappant les six travailleurs. Mais les mises en examen sont maintenues!

Les salaires ne sont pas versés depuis juillet. Avec les délais pris par les tribunaux, et les délais administratifs, ce n'est pas avant octobre que le fonds de garantie des salaires pourrait éventuellement verser quelque chose! Avec quoi vivre, entre-temps? La famille Deprez n'a pas ce genre de souci, mais plutôt celui de placer les millions d'euros supplémentaires qu'elle a raflés sur le dos des salariés dans cette opération...

Et après, il faudrait que les travailleurs restent calmes !

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