Nangica-Colhem (Aube et Seine-et-Marne) : Des salariés sous la menace05/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1831.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nangica-Colhem (Aube et Seine-et-Marne) : Des salariés sous la menace

Encore une histoire de patrons voyous licenciant pendant les vacances? Oui, mais c'est un cas singulier, puisque ces salariés dépendent d'une coopérative agricole.

Avant la reprise prévue à la mi-août, les 80 salariés de la coopérative agricole Nangica-Colhem des sites du Chêne (près d'Arcis-sur-Aube dans l'Aube) et de Nangis (en Seine-et-Marne) ont été invités à ne pas se présenter à leur poste de travail. Ils travaillent dans deux usines qui dépendent d'une coopérative regroupant 215 agriculteurs de Brie et de Champagne. Ces agriculteurs dépendent eux-mêmes étroitement de la coopérative puisqu'ils ne peuvent prendre leurs plants de pomme de terre qu'auprès de celle-ci, et à qui ils doivent ensuite livrer la totalité de leur récolte. Dans les usines, les pommes de terre sont lavées, triées, conditionnées et commercialisées.

C'est le président de la coopérative qui, prétextant un déficit très important, a obtenu d'une assemblée générale extraordinaire des agriculteurs adhérents, le 5 août, cette décision scandaleuse de ne pas reprendre l'activité après les congés, au moment même de la récolte des pommes de terre. Pourtant en 2000, Nangica justifiait la demande de subventions pour agrandir les bâtiments du site du Chêne par une formidable augmentation du chiffre d'affaires et des résultats de 1998 à 1999. Et le président de la coopérative avait obtenu des aides importantes (du département, de la région et de l'Europe) en 1998 puis en 2000, aides qui devaient servir à créer 38 emplois sur la commune du Chêne.

Le dépôt de bilan est maintenant prévu, il y a un projet de reprise des sites: les repreneurs exigeraient que les agriculteurs soient contraints de continuer à livrer leur production comme auparavant, mais sans aucun engagement sur le maintien des emplois.

Pour l'instant, le personnel a eu la promesse de recevoir son salaire d'août avec un chantage: si le dépôt de bilan se passait à l'amiable, il y aurait un plan social, mais si l'affaire prenait une tournure judiciaire, il n'y aurait rien!

Les salariés ne reculant pas devant la crainte de «faire peur aux repreneurs» éventuels, mais redoutant que les machines ne soient déménagées comme à Flodor, ont occupé les locaux, dès le 21 août dans l'Aube et le 29 à Nangis.

Il faut dire que l'usine de l'Aube est implantée près d'Arcis, une ville encore traumatisée par la fermeture de l'usine de chaussettes CTM il y a deux ans, dont la majorité des 220 licenciés n'a pas retrouvé de travail.

Pour la suite, les salariés attendent les décisions prises par la dernière assemblée générale des agriculteurs où ils s'étaient invités en vain. Ces décisions leur seront annoncées, mercredi 3 septembre, au Comité d'établissement. Mais ils ont toutes les raisons de réclamer la transparence des comptes et de se battre pour leur emploi.

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