Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris 13e) : Les économies au quotidien05/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1831.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris 13e) : Les économies au quotidien

La rigueur budgétaire en vigueur dans les hôpitaux depuis plusieurs années a pour conséquence les fermetures de lits, de services, ou même d'hôpitaux entiers. Mais les restrictions s'appliquent tout autant au quotidien, sur d'autres plans. Les conséquences dans l'organisation du travail s'en ressentent. On se heurte quotidiennement à des difficultés qui alourdissent la charge de travail dans les services, provoquent perte de temps et inefficacité.

À la Pitié-Salpêtrière, la chasse aux économies est une préoccupation quotidienne de la direction qui charge les cadres de trouver le bon projet qui permettrait d'améliorer la rentabilité du travail en rognant sur tout... Ainsi au mois de juillet, le directeur des Finances a félicité le chef de service et la surveillante générale des Urgences qui ont diffusé à tout le personnel «leur plan d'actions visant à réaliser des économies». La canicule a fait qu'un des objectifs fixés n'a pas été atteint: il était question de faire des économies sur le Perfalgan, un produit destiné à calmer les douleurs et à faire baisser la fièvre! Toujours au moment de la canicule, la direction a commandé 30 ventilateurs, puis 40 sont arrivés plus tard. Quand on connaît les dimensions et les effectifs de l'hôpital où travaillent sur une tranche horaire commune environ 2000 personnes! De même, disposer d'eau au robinet, ou en bouteille, a posé de gros problèmes. Avec 95 fontaines réfrigérantes, cela fait moins d'une fontaine par service. À l'accueil des Urgences, le public n'a pu avoir accès à de l'eau, faute d'un robinet! En radiologie, des collègues se sont vu refuser de l'eau en bouteille ou une fontaine réfrigérée. La cadre a répondu que l'eau du robinet suffisait bien, que si l'on installait une bonbonne d'eau, il y aurait du gâchis... Qu'est-ce qui empêchait la direction de prévoir et d'organiser l'acheminement d'eau en quantité suffisante pour satisfaire les besoins, sinon la préoccupation constante de faire des économies? C'est un comble que dans un lieu public de la taille d'une petite ville comme la Salpêtrière (2000 lits), s'approvisionner en eau ou s'en procurer ait été une source de difficultés.

En ce qui concerne les tenues de travail, il faut souvent aller réclamer si on ne veut pas garder la même deux semaines de suite et, du même coup, transporter les microbes. Les collègues nouveaux doivent souvent attendre des mois leur tenue personnelle; d'autres plusieurs semaines pour récupérer leur tenue propre; dans l'intervalle, ils s'habillent avec celles des collègues absents ou en congé.

La direction contraint les services à remplir des objectifs budgétaires serrés. Les personnels subissent les conséquences de cette pression, comme si nous ne savions pas faire la différence entre gâchis et économies. La canicule a montré que les économies telles que les conçoivent la direction pouvaient aboutir à des catastrophes.

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