Education nationale : Le compte n’y est pas !05/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1831.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Education nationale : Le compte n’y est pas !

Comme on pouvait le craindre, la rentrée scolaire a été particulièrement catastrophique dans bien des établissements. Avant même la rentrée des élèves, les traditionnelles réunions de pré-rentrée ont permis de relever de nombreux manques parmi les différentes catégories de personnel. Ceux qui pouvaient en douter ont ainsi pu constater sur le terrain que toutes les raisons propres à l'Education nationale qui avaient motivé les grèves du printemps dernier demeuraient.

C'est sans doute du côté de l'encadrement en surveillants et en aide-éducateurs que la situation est la pire. L'an dernier, Luc Ferry avait supprimé les statuts d'aide-éducateur et de surveillant pour, dit-il, les remplacer par une nouvelle catégorie, les assistants d'éducation. Il a ainsi mis fin à l'existence dans les établissements scolaires de 20000 aide-éducateurs qui arrivaient au terme de leurs cinq ans de contrat ainsi que 5 600 surveillants. À la place, il n'a prévu d'embaucher que 20000 assistants d'éducation. En ajoutant les départs, par exemple à la suite de la réussite d'un concours, Ferry lui-même reconnaissait à la veille de la rentrée que 9 600 adultes allaient manquer pour encadrer les élèves. La réalité s'est avérée pire.

Dans certains établissements, alors qu'un seul poste d'aide-éducateur devait être supprimé, il en manque deux ou trois, sans aucune perspective de remplacement à l'horizon. Et au niveau des surveillants, la situation est la même. Cela va se traduire dès les prochains jours par l'abandon de nombreuses activités, par exemple l'aide aux devoirs pour les élèves en difficulté qu'assuraient massivement en collège les aide-éducateurs. Les surveillants en sous-effectif vont devoir se démultiplier pour assurer à quelques-uns la surveillance du portail d'entrée, les permanences surchargées et les cours de récréation. Dans certains établissements on leur a d'ailleurs demandé, dès les premiers jours, de doubler quasiment leur horaire normal pour assurer la rentrée.

Du côté des enseignants, comme à chaque rentrée, des postes ne sont pas pourvus et les chefs d'établissements se demandent qui ils vont bien pouvoir mettre en face des élèves. Et puis la perspective de la décentralisation des agents de service et de cantine demeure. Luc Ferry a précisé que la loi sur cette question serait votée dans les mois qui viennent, même si son application n'avait lieu qu'après la fin du «grand débat sur l'éducation» sur lequel il compte pour endormir enseignants, parents et syndicats durant toute l'année 2004. Un débat qui de toute façon ne vise pas à remettre en cause le fait que ces 90000 agents, presque un dixième du personnel de l'Education nationale, se voient statutairement transférés à la responsabilité des régions et des départements, qui ne s'en priveront pas et qui auront la possibilité de privatiser cantines et ménage.

Aujourd'hui, dans les établissements scolaires, chacun a conscience que rien n'est réglé et qu'il faudra se battre à nouveau. Beaucoup gardent des grèves du printemps dernier la conscience que cette lutte ne pourra pas être menée seuls, mais que puisque toutes les catégories de travailleurs sont attaquées par la politique gouvernementale, il faudra réagir ensemble.

Rien n'est donc réglé. Dans de nombreux établissements, et dans les départements, les grévistes d'avant les vacances scolaires se sont retrouvés pour faire le point et envisager la poursuite du mouvement. Des rassemblements et des manifestations sont prévus dans la semaine qui vient, entre autres le mercredi 10 septembre, à l'appel de tous les syndicats enseignants. Cela devrait être l'occasion de faire la démonstration que le personnel de l'Éducation nationale ne désarme pas.

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