AZF Toulouse : L’argent de la solidarité...n’est pas pour les sinistrés !05/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1831.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

AZF Toulouse : L’argent de la solidarité...n’est pas pour les sinistrés !

Comme après chaque catastrophe, l'explosion de l'usine AZF a donné lieu à une campagne de solidarité. On a fait largement appel à la charité publique. Sauf que cette fois, il ne s'agissait pas d'une catastrophe naturelle: tremblement de terre, inondation ou raz-de-marée, mais d'une catastrophe industrielle dont le responsable, TotalFina, est parfaitement connu et a des moyens financiers suffisamment importants pour pouvoir dédommager tous les sinistrés. Sans même écorner beaucoup ses bénéfices.

La mairie de Toulouse a centralisé les dons qui se sont élevés à 7,8 millions d'euros (soit environ 52 millions de francs). Ce sont ces fonds qui ont servi à financer son intervention dans le cadre de la catastrophe. Entre autres, le budget de communication, les campagnes d'affichage, la location de chapiteaux, les grandes réceptions pour Noël 2001 (un soir pour chaque corps de métier: architectes, assureurs, corps médical, assistantes sociales, pompiers, ainsi que police et gendarmerie), mais aussi la viabilisation des aires de mobil-homes et la location de ces mêmes mobil-homes, tout a été financé par les dons.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là. À ce jour, sur les 7,8 millions d'euros récoltés, seuls 4 millions ont été utilisés. Et bien peu au profit des sinistrés. Le comble c'est que la mairie s'apprêtait à reverser le solde dans son budget ordinaire, en affirmant que désormais tout était réglé! Pour ne prendre que l'exemple de la Cité du Parc, les réparations des appartements ne sont pas terminées. Certaines sont à refaire, mais pour cela il faut faire constater les malfaçons, alors que les entreprises fautives ont mis la clé sous la porte. Et les persiennes ne sont toujours pas changées, ce qui fait passer un deuxième été dans l'angoisse de se faire cambrioler. Quant aux parties communes, les réparations commencent à peine. Sans parler des ex-habitants du bâtiment B. Ils ont tout perdu, puisque leur bâtiment est muré, interdit d'habitation et de réparation. Ils ont reçu de TotalFina la proposition d'une indemnisation de 33000 euros (soit environ 220000 francs) pour leur T4 pour solde de tout compte. La mairie veut leur faire payer le coût de la destruction !

C'était un peu gros. Les réactions indignées des associations de sinistrés ont fait reculer la mairie. Elle a accepté de refaire une campagne pour demander aux sinistrés de redéposer des dossiers pour bénéficier d'aides. Une commission de la mairie, réunie mardi 5 juin a défini la marche à suivre. Elle a décidé de n'accepter que des dossiers individuels, donc d'exclure toute aide aux copropriétés, alors que plusieurs d'entre elles sont en quasi liquidation de paiement depuis l'explosion. D'autre part la mairie prévoit de n'ouvrir des dossiers que pour «les familles en difficulté» ce qui permet d'exclure des aides à peu près qui on veut.

La commission a examiné quelques dossiers et ne semble pas vouloir lâcher un euro d'aide directe. Elle envisage de faire des prêts relais à 0% en attendant le paiement des assurances, le financement de professionnels comme des architectes ou des avocats pour conseiller les sinistrés dont les dossiers seraient en souffrance.

Il semble donc bien que la mairie souhaite toujours récupérer ces 4 millions d'euros, et qu'elle cherche à prouver que les cas en suspens étant peu nombreux, ils pourront être réglés par les procédures traditionnelles.

Ce n'est bien sûr pas le cas et il y a encore suffisamment de gens mobilisés pour contrecarrer ce hold-up institutionnel.

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