Alstom-Chantiers de l’Atlantique (Saint-Nazaire, 44) - La grève des travailleurs roumains : Recul des patrons mais chantage pour tout le monde05/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1831.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom-Chantiers de l’Atlantique (Saint-Nazaire, 44) - La grève des travailleurs roumains : Recul des patrons mais chantage pour tout le monde

Le plan des patrons des Chantiers de l'Atlantique, qu'ils ont eux-mêmes baptisé officiellement «Montage exotique», était de faire venir du bout du monde de la main-d'oeuvre à «faible coût», et spéculait sur le silence de ces travailleurs. Leurs luttes successives et déterminées sèment la panique à bord !

Pendant dix jours, les patrons des Chantiers de l'Atlantique, d'AVCO Marine (entreprise de sous-traitance des Chantiers) et de Klas-Impex, elle-même sous-traitante d'AVCO, se sont renvoyé la balle pour savoir qui devait payer les travailleurs roumains. Mais les grévistes ne se sont ni laissés impressionner par leurs palabres et gesticulations, ni endormir aux appels à la patience des pouvoirs publics! Ils n'avaient rien à perdre et tout à gagner !

Après cinq jours de grève, les patrons des Chantiers et ceux d'AVCO, agacés, ont fini par s'engager à payer 3200 euros à chaque salarié, «en acompte sur l'ensemble des sommes dues». Mais ce premier versement était soumis à la condition d'arrêter la grève, sans engagement sur le paiement du reste des salaires impayés et le remboursement de la caution des 600 euros qu'ils avaient dû avancer pour venir travailler en France !

Les travailleurs ne se sont pas contentés de vagues promesses et ont continué la grève, plus déterminés que jamais!

Le 28 août, un débrayage organisé par la CGT sur le Queen-Mary rassemblait près de 500 salariés et il n'est pas passé inaperçu! Des travailleurs de toutes origines se côtoyaient: Polonais, Roumains, Français, Indiens, et tous avaient en commun d'avoir des comptes à demander à leurs patrons aussi bien sur les conditions de travail, de salaires ou sur les ruptures de contrat dont sont menacés 230 Indiens, eux aussi employés par AVCO Marine, et qui restaient en grève pour cette raison, toute la journée.

Les patrons ont commencé à se faire du souci. Le navire tant vanté, déjà pas en avance sur son programme, doit être livré d'ici à la fin de l'année, et les jours de retard se comptent en millions d'euros en indemnités de retard. Pour les patrons, il devenait urgent que les travailleurs roumains reprennent le travail, pour finir la ventilation entre autres !

Les patrons se sont décidés enfin, le jeudi soir, à verser les 3200 euros de la main à la main... avec promesse de reprise du travail le lendemain contre celle de poursuivre des négociations pour finir de régler les problèmes. Ils croyaient s'en tirer comme ça!

En fait, le vendredi matin, jour où la grève devait être suspendue, a surtout permis aux travailleurs roumains d'aller au bureau de poste (sur leur temps de travail) expédier de l'argent à leur famille en Roumanie.

Mais s'estimant débarrassés de tout problème dès lors que la grève était arrêtée, les patrons recommencèrent à se renvoyer la balle, démontrant ainsi qu'ils ne céderaient volontairement rien de plus. Le soir même, vendredi 29 août, la grève était à nouveau à l'ordre du jour, pour le lundi matin! Les travailleurs voulaient un engagement écrit tant pour le remboursement de la «caution» de 600 euros que pour le paiement du solde des salaires impayés au plus tard le 19 septembre 2003.

Après deux nouvelles heures d'une grève redémarrée tout aussi unanimement et de manière tout aussi déterminée, le lundi 1er septembre, AVCO Marine a finalement accepté de s'engager par écrit à satisfaire l'essentiel des revendications des salariés.

Les travailleurs roumains ont donc repris le travail, mais pour apprendre dès le lendemain que les patrons du Chantier de l'Atlantique demandaient à AVCO Marine de débarrasser le plancher. Du coup des centaines de travailleurs, indiens, polonais, français, roumains, qui travaillent essentiellement sur le Queen-Mary, dans l'immédiat, se retrouvent suspendus dans le vide !

Les travailleurs sont inquiets. Mais les patrons le sont aussi. Car il n'est pas certain que cette fois, ils s'en sortent comme ça !

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