Une catastrophe pas naturelle du tout !28/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1830.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Une catastrophe pas naturelle du tout !

Que parmi les morts de la canicule des centaines de corps à Paris n'aient pas en ce début de semaine été réclamés est significatif de l'état d'isolement dans lequel se trouvent les plus démunies des victimes de l'hécatombe de ces derniers jours. Mais contrairement à ce que voudraient nous faire croire les Chirac, Raffarin ou autres ministres en tentant de culpabiliser la population, les premiers responsables sont ceux qui aujourd'hui dirigent ou ont dirigé ces dernières années l'État.

80% des décés ont frappé des personnes âgées de plus de 75 ans. 50% étaient dans des maisons de retraites où l'insuffisance du personnel ne permettait même pas de faire boire ou de ventiler régulièrement les pensionnaires. En France, il n'y a que 0,3 employé par pensionnaire (1,2 en Suisse, 4 fois plus!) Mais ce même gouvernement a réduit cette année de plus de la moitié l'enveloppe destinée à favoriser l'embauche de nouveaux personnels dans des maisons de retraite où n'est d'ailleurs pas pensionnaire qui veut, mais seulement ceux qui disposent de 2000 - par mois pour les moins chères.

30% des victimes sont décédées chez elles, la plupart faute d'un minimum de soins. Pour avoir droit à l'allocation pour aide à domicile, l'APA qui n'existe que depuis deux ans, il ne faut pas disposer de plus de 623 - de revenu par mois, le plafond de 949 - préalablement fixé ayant été aussi rabaissé cette année, de même que le montant, par ce gouvernement en quête d'économies sur le dos des vieux.

Les 20% de décès restant ont eu lieu à l'hôpital où l'insuffisance de personnel aux urgences et ailleurs, déjà criant en temps normal, ainsi que la fermeture de lits sont dénoncés depuis des années. Ainsi a-t-on pu voir durant cette canicule des malades en souffrance entassés pendant des heures dans les couloirs sur des lits de fortune.

D'autres ont également payé un lourd tribut: ceux qui vivent dans des logements insalubres où ils n'ont eu aucun moyen de se protéger de la chaleur, ou encore ceux qui sont des sans domicile fixe.

Quand le gouvernement fait mine de s'indigner, c'est pure hypocrisie. Raffarin se déclare en colère de ne pouvoir disposer de données sûres sur le nombre de victimes, mais c'est pour essayer de faire douter de celui de 10 400 annoncé par les Pompes Funèbres, qui met en lumière toute l'étendue de sa responsabilité. Ne serait-ce pas lui et ses ministres qui mettent les personnes âgées encore plus en danger, en diminuant les retraites et en retardant l'âge de départ, en déremboursant les médicaments et en voulant freiner une prétendue surconsommation médicale en particulier par les plus anciens? Ne serait-ce pas ces gens-là qui se préparent à remettre en cause l'ensemble de la protection santé avec une prétendue réforme de la Sécurité Sociale?

Cette situation est indigne dans un pays ou existent les moyens de traiter d'une façon civilisée la fraction de la population la plus vulnérable parce que la plus pauvre. D'autant qu'elle a contribué par son travail, toute une vie durant pour la plupart, à sa richesse. L'allongement de la durée de la vie, un bienfait et non une calamité, n'est pas un événement exceptionnel, même si la canicule -toute relative- l'est. Consacrer une part plus importante pour les personnes âgées et pour la santé, oui c'est possible. Le gouvernement trouve du jour au lendemain des centaines de millions d'euros et s'engage pour des milliards pour "sauver" Alstom -sans même vouloir empêcher aucun licenciement- une entreprise privée qui n'est menacée que du pillage des banques et prétendue victime d'affaires ayant permis l'enrichissement d'autres capitalistes. Il distribue des dizaines de milliards au patronat, diminue l'impôt pour les riches, augmente les crédits d'armement, et pour faire des économies s'attaque aux vieux et à tous les travailleurs!

En cette rentrée où s'annoncent de nouvelles vagues de licenciements, où le gouvernement continue son offensive contre toutes les protections sociales pendant qu'il arrose les patrons, oui nous devons nous préparer sérieusement à leur rendre les coups.

Editorial des bulletins d'entreprises "l'Etincelle" de la minorité du lundi 25 août 2003

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