Pour les personnes âgées : Des mots, rien que des mots,28/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1830.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pour les personnes âgées : Des mots, rien que des mots,

Après Chirac qui, la semaine dernière, annonçait "des propositions indispensables" pour rendre "plus forte et plus active, plus efficace" la solidarité vis-à-vis des personnes âgées et handicapées, c'est le secrétaire d'État aux Personnes âgées, Hubert Falco, qui cette semaine est monté au créneau. Celui-ci a appelé de ses voeux "un plan Marshall" pour les personnes âgées. C'est la réponse du gouvernement à l'émotion soulevée par l'annonce des milliers de morts (on parle aujourd'hui de 15000) cet été dont la plupart sont des personnes âgées. Mais, dès le départ, on se rend compte que la montagne des déclarations d'intentions grandiloquentes accouche d'une toute petite souris, dans les faits. "L'attente" du secrétaire d'État se limitant à 250 millions d'euros, une goutte d'eau dans l'océan des besoins. Quant à "la solidarité indispensable" vis-à-vis des personnes âgées et handicapées, il y a bien longtemps que tous les gouvernements ne l'ont pas assumée.

Le gouvernement, à l'occasion du dernier budget, a annulé 103 millions de crédits supplémentaires prévus pour les établissements accueillant les personnes âgées. De plus, le gouvernement a modifié les critères d'attribution de l'aide aux personnes dépendantes, l'APA (concernant au premier chef les plus âgés), en durcissant les critères d'attribution et en laissant à la charge des familles une part plus importante. Ce qui lui a fait faire des centaines de millions d'économies. Enfin seules 1800 conventions, sur les quelque 10000 établissements qui pourraient être concernés, ont été signées à ce jour pour permettre une meilleure prise en charge des personnes.

Certes le gouvernement peut dénoncer le fait que le gouvernement précédent n'a pas fait mieux et n'avait pas prévu le financement de cette dernière mesure, c'est vrai, mais ça ne règle en rien le sort de ceux qui sont délaissés.

Car, de fait, il y a depuis bien longtemps une absence de politique permettant la vraie solidarité de la part de l'État et des collectivités en direction de la grande majorité des personnes âgées, celles qui n'ont pas les moyens de se payer un accompagnement permanent de qualité, chez elles ou dans des maisons haut de gamme, comme il en existe à des prix prohibitifs pour les classes riches. Mais malheureusement, cette année n'est pas la première où des personnes âgées sont décédées des suites des chaleurs de l'été. Il manque du personnel dans tous les hôpitaux en permanence, dans toutes les maisons de retraite et tous les établissements qui reçoivent 680000 personnes âgées. Le suivi médicalisé n'est pas à la hauteur partout, loin s'en faut.

L'immense partie des personnes âgées est laissée à elle-même ou à la solidarité familiale, quand il y a encore des familles présentes et qui le peuvent. Au-delà, l'initiative est laissée aux communes qui se débrouillent, si elles le veulent, pour financer ce qu'elles font. Dans chaque municipalité, faute de moyens, il n'y a pas de suivi systématique des personnes âgées à leur domicile et la prise en charge de leurs besoins. Alors que l'on compte 7 millions de personnes âgées de 70 ans et plus, seules 1 million d'entre elles bénéficient d'une aide ménagère, et 57000 de soins infirmiers à domicile. Une partie de ces services sont mis sur pied par des associations pour suppléer très partiellement les défaillances de l'État.

Un vrai plan d'urgence pour la prise en charge nécessaire des personnes âgées et dépendantes nécessiterait un bouleversement total des choix et des priorités développées par ce gouvernement de droite, comme par ses collègues de gauche avant lui. Cela voudrait dire qu'au lieu de détourner l'argent public au profit exclusif des classes riches, on utilise celui-ci pour satisfaire les besoins de la grande majorité de la population.

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