Le club très fermé de pays riches que constitue l'Union européenne côtoie des pays pauvres et attire des migrants prêts à tout pour fuir la misère engendrée par le système capitaliste.

Petit à petit, le mur d'enceinte de la forteresse Europe se construit. Un de ses éléments vient d'être posé à Gibraltar, à l'extrême sud de la côte espagnole. Il ne s'agit pas d'un ouvrage de maçonnerie, mais d'un ensemble de radars et de caméras sophistiquées. Ce petit joujou bardé d'électronique a coûté la bagatelle de 142 millions d'euros -ce n'est qu'un début. Des équipes en alerte permanente, comportant des hélicoptères, des vedettes et même des navires de l'OTAN, fondent sur le moindre bateau s'éloignant des côtes marocaines, distantes d'une vingtaine de kilomètres.

Les autorités avouent d'elles-mêmes le manque de fiabilité du système - et argumentent dans ce sens pour en justifier l'extension et l'intensification. Elles peuvent néanmoins déjà revendiquer un résultat: la multiplication des noyades (pour 2003, leur nombre officiel a déjà atteint le double de l'année 2002). Le passage du détroit étant plus difficile, les risques que font prendre les passeurs à leurs "clients" sont en effet toujours plus grands. Quant aux mafieux qui dirigent ces trafics sordides, ils n'ont rien à craindre.

Toutes les richesses dépensées à tenter de contenir les flux migratoires, non seulement ne réduisent en rien la souffrance des pays pauvres, mais assassinent ceux qui tentent d'y échapper.