Comment être d'Attac sans faire de politique28/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1830.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Comment être d'Attac sans faire de politique

Attac (Association pour la Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens), une association née il y a 5 ans de la convergence d'associations diverses, a tenu - c'est la mode - son "université d'été", les 22, 23 et 24 août.

Cette réunion a été l'occasion de nombreuses discussions sur l'avenir de cette association qui se vante de compter 22000 adhérents.

Fondée par des syndicalistes, des militants de gauche et des chrétiens de gauche, son actuel président est aussi membre de la direction du PCF. Elle regroupe des cercles, des associations, des groupes parfois minuscules, qui interviennent dans différents domaines.

Leur ennemi avoué, c'est les USA, auxquels ils veulent opposer le contrepoids de l'Europe car, pour eux, la "mondialisation libérale" est orchestrée par les USA.

Ils se veulent seulement réformistes, c'est-à-dire qu'ils veulent changer les choses par des réformes successives, mais sans vraiment définir comment ils veulent le faire. Ils se disent -ce sont eux qui ont inventé le mot- "altermondialistes", c'est-à-dire qu'ils opposent à la "mondialisation libérale" une autre mondialisation qui serait plus humaine et qui romprait avec la dictature économique des USA sur le monde.

Etant donné sa diversité, le mouvement a du mal à se donner un programme et des objectifs clairs.

Par exemple, son président déclare : "Il faut faire en sorte qu'Attac soit perçu comme humaniste et indépendant ."

Humaniste, on ne sait trop de nos jours ce que cela signifie, à l'époque des licenciements sauvages partout en Europe et où les populations de l'Europe centrale et de l'Est sont dans des situations économiques et sociales épouvantables.

Mais voilà, Attac ne veut pas qu'on lui accole une étiquette politique car cela l'empêcherait, son président le dit, de se développer. Evidemment, plus on est flou dans ses propos et vague dans ses projets, plus on a de chances de réunir le plus grand nombre de gens que l'on peut bercer de bonnes paroles. C'est ce que fait Attac. Bien sûr, ses dirigeants, comme la plupart de ses membres, sont dans le camp du Parti Socialiste, mais ils ne peuvent s'y placer ouvertement, dans les élections par exemple, sans perdre ce qui fait leur aura: ils ne sont pas un parti politique et ne veulent pas l'être. Ils récusent la politique et cela plaît à beaucoup de gens déçus par les partis de gauche... mais qui ne pourront que l'être aussi par Attac. Certes d'une façon moins voyante si Attac ne s'engage pas en politique et ne participe pas à un gouvernement qui gère avant tout les intérêts généraux de la bourgeoisie et de son système économique. Mais à ce moment-là, comment changer les choses s'ils ne jouent qu'un rôle de contestation, ce dont ils accusent l'extrême gauche.

Le dirigeant d'Attac a encouragé ses militants à étendre le mouvement au monde ouvrier, aux travailleurs précaires comme aux salariés du privé. Certes. Mais on ne voit guère ce public s'intéresser au type de discours des militants d'Attac. Les travailleurs précaires souhaiteraient ne pas le rester, et tous les travailleurs voudraient d'autres conditions de travail et de vie. Or les dirigeants d'Attac ne disent pas ce qu'il faudrait éventuellement faire pour changer les choses.

D'un autre côté, Attac ne veut pas tomber dans l'extrême gauche et elle l'affirme hautement. De la part de ses dirigeants, il n'y a sûrement aucun risque. D'ailleurs, de leur idéologie, la seule chose qu'on peut retenir, c'est qu'ils voudraient changer les choses, en mieux disent-ils, sans s'attaquer à la bourgeoisie, aux trusts, aux monopoles, en un mot au capitalisme. Ils se contenteraient d'une économie capitaliste moins brutale.

Or la mondialisation n'est que la forme d'existence actuelle du capitalisme. On ne peut la remplacer par quelque chose de plus "humain", comme diraient les gens d'Attac, qu'en s'en prenant aux causes, ce qu'ils ne veulent surtout pas.

Il faut le reconnaître, ils ont conscience de leur problème car ils sont partagés entre rester apolitiques pour essayer d'attirer de plus en plus de monde en ne leur proposant que des mots - de jolis mots certes - mais des mots creux. Ou bien, choisir de s'associer au Parti Socialiste et utiliser leur crédit pour le ramener au pouvoir et, comme disent tous les dirigeants de la gauche ex-plurielle, éviter l'impuissance.

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