Société Charmoisyne (Ducey – Manche) : - 64 licenciements après 20 ou 30 ans de travail25/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1825.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Société Charmoisyne (Ducey – Manche) : - 64 licenciements après 20 ou 30 ans de travail

Le 6 juin dernier, 64 ouvrières sur les 110 employées que comptait l'entreprise Charmoisyne ont reçu leur lettre de licenciement. Cette usine produit de la lingerie fine ou des robes de chambre pour des grandes maisons de couture, entre autres Givenchy et Dior. Elle avait été liquidée en février, avant d'être reprise par un cadre.

La plupart des ouvrières licenciées travaillaient depuis 20 ou 30 ans dans des conditions difficiles et pour des tout petits salaires. L'hiver, à l'atelier de coupe, il arrivait qu'il fasse seulement 7°C et l'été il n'était pas rare que dans toute l'usine le thermomètre monte jusqu'à presque 40°C ! Pour atteindre le SMIC, il fallait se plier à un rythme de travail très élevé, confectionner par exemple 60 robes de chambre en une journée, qui étaient payées 0,5 euros la pièce, alors qu'elles étaient vendues autour de 69 euros dans le commerce.

Autant dire que cette activité était rentable. Pourtant, quand l'entreprise a été liquidée, le patron, Patrice Bouygues, a expliqué que ce n'était plus possible de produire en France, que le coût du travail y était trop élevé. Même le journal propatronal Les Echos a été critique vis-à-vis de cet homme d'affaires aux dents longues, auteur de montages financiers hasardeux qui font de lui une sorte de Tapie de la haute couture.

La population de Ducey risque d'être frappée bientôt par de nouvelles suppressions d'emplois. En effet, aux licenciements chez Charmoisyne vont s'ajouter ceux de chez Chéreau, entreprise de camions frigorifiques qui emploie plus de 400 personnes dans la ville et qui a été mise en redressement judiciaire. Le repreneur n'a pas encore été choisi, mais quelle que soit la solution adoptée, c'est à nouveau plusieurs dizaines d'emplois qui vont disparaître. Retrouver un travail, pour les travailleurs de cette commune de 2000 habitants, sera donc très difficile.

Les ouvrières licenciées de Charmoisyne, quant à elles, vont essayer de se regrouper pour faire connaître leur situation, demander l'appui des pouvoirs publics et faire respecter leurs droits.

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