Pendant les vacances, l’offensive contre le niveau de vie des travailleurs continue25/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1825.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pendant les vacances, l’offensive contre le niveau de vie des travailleurs continue

Il y a quelques semaines, après les grèves et les manifestations dirigées contre les attaques remettant en cause le régime des retraites, et après le mouvement des enseignants, le gouvernement avait affirmé qu'il prendrait son temps pour ouvrir, à la rentrée, le dossier de la Sécurité sociale. Mais cela ne l'a pas empêché de publier une liste de 84 produits qui ne seront plus remboursés du tout par la Sécurité sociale.

Pour justifier ces déremboursements, le ministre de la Santé, Mattéi, a eu le culot d'affirmer que ce n'était pas seulement une mesure d'économie, mais dans l'intérêt des malades qui ne s'en porteraient pas plus mal, qui s'en porteraient peut-être même mieux, s'ils ne prenaient pas ces médicaments ! Mais de qui se moque-t-il ? Car de deux choses l'une, ou ces produits sont réellement nocifs, et le problème ne devrait pas être de les dérembourser, mais de les retirer du marché. Ou ils peuvent rendre des services, et ils doivent rester remboursés.

Le résultat, c'est que ceux des malades qui iront voir leur médecin se verront le plus souvent prescrire des médicaments toujours remboursés, généralement bien plus chers. Et que les plus démunis économiseront le prix d'une visite médicale et recourront à l'automédication, avec ce que cela comporte de risques.

En fait d'économies, le bilan risque d'être d'autant plus maigre que le gouvernement a libéré les prix des médicaments dits "innovants", qu'il négociait auparavant avec les laboratoires. C'est dire que les profits des trusts pharmaceutiques ne sont pas menacés, et qu'on va voir fleurir des médicaments "innovants", dont beaucoup n'apporteront rien de nouveau sur le plan thérapeutique... mais des profits supplémentaires aux gros laboratoires.

Ces attaques contre la Sécurité sociale, qui avaient commencé sous les gouvernements socialistes, ne sont pas terminées. Le pire est sans doute à venir, comme le montre cette proposition de la direction de la Caisse nationale d'assurances maladie, qui propose aux médecins de limiter à cinq par ordonnance le nombre de médicaments prescrits aux personnes de plus de 70 ans. Evidemment les personnes âgées, par la force des choses, consomment plus de produits pharmaceutiques que les plus jeunes. Mais si ce projet est adopté, cela signifiera, pour les plus démunis, plus de difficultés pour se soigner correctement.

C'est que pour le grand patronat, pour le Medef qui le représente directement, comme pour le gouvernement qui est à leur service, les travailleurs ont le tort de vivre trop longtemps lorsqu'ils ont cessé d'être exploitables. Pour Seillière, Raffarin et Chirac, l'argent de l'Etat, et même l'argent de la Sécurité sociale (c'est-à-dire celui provenant des cotisations des salariés), est destiné en priorité, aux classes possédantes.

C'est la même politique qui préside à l'annonce de la baisse du taux d'intérêt du livret A de 3% à 2,25%. Les porte-parole du gouvernement osent affirmer que c'est une nécessité pour relancer la consommation et favoriser la construction de logements sociaux. Mais c'est à la demande des banques (qui réclamaient une baisse encore plus importante) que cette décision a été prise.

Décidément, le gouvernement n'a pas la même attitude vis-à-vis des travailleurs, et vis-à-vis du grand patronat. Quand leurs entreprises ne leur rapportent pas 15% l'an, les capitalistes n'hésitent pas à jeter des milliers de travailleurs à la rue, à fermer des usines, à seule fin d'augmenter leurs profits. Et non seulement les gouvernants se déclarent impuissants pour empêcher cela, mais ils multiplient les cadeaux en leur direction pour "encourager l'investissement", comme ils disent. Mais vis-à-vis des travailleurs, les mêmes gouvernants estiment qu'ils devraient s'estimer heureux si leurs maigres économies ne fondent pas à cause de l'inflation.

Seulement, tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Et la bourgeoisie et ses hommes politiques pourraient bien regretter un jour prochain, quand éclatera la colère du monde du travail, d'avoir fait preuve d'un cynisme aussi éhonté.

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