Logement social : L’esbroufe du gouvernement25/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1825.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement social : L’esbroufe du gouvernement

Les députés ont adopté samedi 12 juillet le projet de loi défendu par le ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo. Ce dernier a présenté sa loi en évoquant "un plan Marshall pour les banlieues" et en annonçant triomphalement "30 milliards d'euros en cinq ans, pour 600000 logements". Tout cela, pour l'essentiel, n'est que du vent.

Quand on y regarde de plus près, l'Etat ne prévoit de mettre sur les 30 milliards annoncés que 2,5 milliards d'euros sur cinq ans, une misère face aux besoins. La quasi-totalité du reste, soit 27,5 milliards d'euros, devrait provenir de l'argent des offices et donc de la poche des locataires HLM eux-mêmes.

Ce seront eux qui paieront, soit par des hausses de loyers, soit par le détournement d'une partie de leur loyer ordinaire qui devrait, selon la loi, aller à l'entretien et au maintien en l'état des logements existants. Certes les habitants des HLM savent fort bien que l'argent de leurs loyers sert à bien autre chose et que les logements sont souvent laissés à l'abandon.

Jusqu'ici, l'Etat s'engageait dans toutes les grandes opérations de réhabilitation du logement social en assurant 15% minimum du coût global des travaux. Avec cette loi "révolutionnaire" l'Etat baisse sa participation pratiquement de moitié en la ramenant à 8,33%. Le prestidigitateur Borloo arrive donc à faire du plus avec du moins, continuant en cela la politique d'abandon du logement social entamée depuis de nombreuses années, y compris sous les gouvernements de gauche dont celui de Jospin qui, lui aussi, parlait de réhabilitation et construction de 600000 logements.

Aujourd'hui la construction de logements HLM est en panne, tous les crédits sur le logement sont réservés aux catégories plus privilégiées, soit pour l'accession à la propriété, soit, pire, au bénéfice des acheteurs de logements et maisons en vue d'en faire le commerce. Il s'agit bien d'un choix de classe.

Ce qui est insupportable dans cette affaire, c'est qu'on spécule sur les espoirs et les attentes de millions d'habitants des cités populaires laissés, plus que jamais, pour compte, et sur les attentes de ces centaines de milliers de jeunes ouvriers et employés pour qui l'accès à un logement décent reste un rêve.

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