Liberia : La population victime des seigneurs de guerre25/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1825.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Liberia : La population victime des seigneurs de guerre

Monrovia, capitale du Liberia, a été l'objet de violents bombardements, lundi 21 juillet, faisant près d'une centaine de morts parmi les populations civiles réfugiées dans la capitale. Les troupes "rebelles" du LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) encerclent et bombardent la capitale afin d'en chasser le dictateur Charles Taylor, qui s'était auto-proclamé "président" après des élections truquées en 1997.

La capitale compte désormais plus d'un million et demi de résidents, soit le tiers de la population du pays. Elle est le théâtre d'affrontements sanglants depuis plusieurs semaines. La plupart des habitants de Monrovia sont des paysans chassés de leurs villages par les combats. Ils s'entassent dans les faubourgs et les quartiers résidentiels de la ville dans des conditions catastrophiques, sans toit, sans nourriture, sans eau. Prises en otages par des jeunes enfants soldats, dépouillées puis massacrées par la soldatesque de Charles Taylor ou des forces rebelles, ces populations civiles sont les premières victimes des affrontements sanglants entre bandes armées "officielles" ou "rebelles".

Entouré des troupes qui lui sont restées fidèles, le dictateur Charles Taylor, inculpé de crimes contre l'humanité, continue à se cramponner au pouvoir. Cependant, cela ne saurait faire oublier que ce seigneur de la guerre, "lâché" aujourd'hui par la "communauté internationale", c'est-à-dire par les impérialismes américain et français, était bien en cour auprès de ces mêmes grandes puissances, il y a encore quelques années. Taylor s'était hissé au pouvoir, au prix d'une terrible guerre civile qui a fait plus de deux cent mille morts au cours des années 1990. A l'époque Washington et Paris avaient laissé faire. Puis, Taylor avait poussé le luxe jusqu'à se faire élire président, en truquant les élections. Mais cette même "communauté internationale" n'avait alors rien trouvé à y redire. Il avait même été reçu en grande pompe à l'Elysée en septembre 1998 ! Pourtant, tout le monde savait quel rôle Taylor avait joué dans les guerres civiles du Liberia et de Sierra Leone. Tout le monde connaissait son implication dans le trafic des "diamants du sang" en provenance de ce dernier pays, et son action dans les tentatives de déstabilisation des régimes ivoirien et guinéen.

Bien qu'il ait été sous tutelle des Etats-Unis depuis sa création, il faut reconnaître que ce petit Etat libre (d'où son nom Liberia) fondé par des philanthropes américains qui au XIXème siècle y rapatrièrent des esclaves affranchis, n'intéresse plus guère l'impérialisme américain aujourd'hui. Même si hier encore, il abritait la plus grande plantation d'hévéas du monde, appartenant au trust américain Firestone, le Liberia n'offre aujourd'hui guère d'intérêt stratégique et est surtout dépourvu de pétrole ou de toutes autres richesses importantes !

Dans un monde où seuls importent les intérêts sonnants et trébuchants, le pays et sa population peuvent périr dans une indifférence presque générale.

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