OTUS OTN(Sevran, Seine-Saint-Denis) : Une reprise dans l'amertume03/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

OTUS OTN(Sevran, Seine-Saint-Denis) : Une reprise dans l'amertume

Après trois semaines de grève, les ouvriers d'OTN (entreprise liée à Vivendi chargée du ramassage des ordures à Sevran et dans les communes environnantes) ont repris le travail, le jeudi 26 juin.

Les "propositions" du patron, présentées comme les dernières, étaient: reprise du travail le jeudi, avec sept mutations sur d'autres dépôts (cinq délégués et deux ouvriers non protégés) ou bien, en cas de refus, 23 licenciements.

Ce protocole a été signé par la CGT, majoritaire dans l'entreprise. Tout au long du conflit, la CGT a conduit la grève, par l'intermédiaire de son délégué dans l'entreprise, de l'UL et de l'UD, qui ont ainsi organisé manifestations, rassemblements, conférence de presse et toute la logistique autour du piquet de grève, avec l'aide de militants extérieurs (communaux, syndicat du Livre...). La CGT a ainsi fait de ce conflit une lutte emblématique, dans l'idée de "convergences" entre le public et le privé, face au patronat et au gouvernement. Rappelons que la grève a commencé en plein mouvement contre le projet Fillon.

Cette solidarité et ces soutiens, par des militants de base et par des dirigeants locaux, ont certes été appréciés par les grévistes. Mais par ailleurs la CGT a aussi contrôlé cette grève du début à la fin, une fin qui laisse un goût amer à un certain nombre de travailleurs.

La CGT a ainsi rencontré la direction en mettant au point avec elle ce protocole, qu'elle a présenté comme étant la dernière issue au conflit, rajoutant à cette pression l'idée que le préfet allait réquisitionner une autre entreprise pour ramasser les ordures, voire même allait faire appel à l'armée. Elle a aussi mis en avant le repli des élus de gauche qui pourtant, au début, soutenaient le mouvement. La CGT a ainsi mis les grévistes devant le fait pratiquement accompli de devoir terminer la grève "parce qu'elle survivait artificiellement".

Le vote des grévistes présents la veille de la reprise ne dégageant pas de majorité claire, la CGT a fait voter ses syndiqués et a donc ainsi engagé sa signature pour ce protocole, alors qu'il ne correspondait pas à l'avis d'un certain nombre de grévistes (délégués ou non, mutés ou non) qui ne voulaient pas de cet ultimatum, et encore moins de la façon dont il avait été mis au point. La reprise du jeudi s'est faite avec sept mises à pied et s'est déroulée avec une tension entre les grévistes, les non-grévistes et les chefs.

Certains grévistes reprochent à la CGT d'avoir préservé sa position dans l'entreprise, au détriment d'autres syndicats, donnant le sentiment d'une connivence avec la direction.

Un certain nombre de grévistes ont également manifesté leur colère en malmenant une camionnette de la CGT...

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