OGM : On ne peut faire confiance aux capitalistes03/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

OGM : On ne peut faire confiance aux capitalistes

Mardi 1er juillet, au Parlement européen, des amendements étaient soumis au vote des députés pour mettre en place et améliorer la traçabilité et l'étiquetage des produits OGM destinés à l'alimentation humaine et animale.

Et, comme l'a dit notre camarade Arlette Laguiller dans son intervention: "rien que la fébrilité des semenciers dans l'activité de lobbying, pour convaincre les députés de rejeter les amendements adoptés par la commission Environnement, nous incite, au contraire, à les voter, malgré les limites de ces textes." Et d'ajouter: "Nous sommes pour la traçabilité et l'étiquetage les plus complets des OGM destinés à l'alimentation humaine et animale, afin que le consommateur puisse juger et choisir. Ce n'est pas la modification génétique elle-même qui pose problème, pas plus que la recherche menée dans ce sens. Ce qui pose problème, c'est que l'exploitation de ces produits soit entièrement entre les mains de grands trusts de l'agro-alimentaire auxquels la société ne peut absolument pas faire confiance. Car ils ne cherchent pas les modifications génétiques en fonction de l'intérêt des hommes mais en fonction de ce que cela leur rapporte."

On peut donner un exemple de cette situation:

Il y a quelques années, un géant des biotechnologies, Astra Zeneca, annonçait à grand renfort de publicité la mise au point d'un riz révolutionnaire, le "riz doré", génétiquement modifié pour contenir un précurseur de la vitamine A. Cette vitamine, que l'on trouve à satiété dans nos pays riches dans les produits laitiers et notamment le beurre, manque dans les pays pauvres et cette carence est responsable, surtout chez les enfants, de troubles de la vue qui peuvent conduire à la cécité. Les géants des biotechnologies se posaient alors en humanitaires, soucieux de la santé des plus pauvres et grâce auxquels des centaines de milliers d'enfants allaient enfin échapper à la cécité.

Ils oubliaient de dire l'essentiel. D'abord qu'il faudrait absorber au moins un kilo de riz (sec!) par jour pour couvrir les besoins. Ensuite, que les recherches étaient loin d'avoir abouti, permettant d'assurer que le précurseur de la vitamine A contenu dans le riz doré était assimilable par l'organisme. Effet d'annonce pour redorer le blason des industriels des biotechnologies, ce riz OGM est encore dans les éprouvettes...

Aux États-Unis, les fermiers utilisateurs de semences OGM n'hésitent pas, lorsqu'il s'agit de graines de coton. Les trois quarts du coton produit sont génétiquement modifiés pour résister aux herbicides. Cela requiert moins de travail, les gains de productivité sont tout bénéfice et... aux USA, le coton, ça ne se mange pas!

Par contre, les mêmes sont beaucoup plus hésitants lorsqu'il s'agit de semer le blé OGM résistant aux herbicides qui sera bientôt disponible. Et des betteraves sucrières, elles aussi résistantes aux herbicides, attendraient depuis plus de quatre ans que les fermiers veuillent bien les utiliser. "Notre secteur n'a jamais refusé la technologie. Ce qui est en cause, c'est plutôt le risque de perdre des parts de marché. Personne ne veut être le premier", explique la directrice de la commission californienne du blé... Eh oui, le blé et le sucre, ça se mange et les producteurs redoutent, non pas les risques des OGM pour l'environnement ou la santé, mais les réactions, les craintes des consommateurs.

Oui, la mise en culture, ou non, des OGM aujourd'hui disponibles ne se fait nullement en fonction de l'impératif de nourrir la planète mais, comme toutes les productions industrielles, en fonction des impératifs de revenus des actionnaires.

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