Le PCF et le "mouvement social"03/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PCF et le "mouvement social"

L'Humanité du 27 juin a publié un long entretien avec Robert Hue, ancien président du PCF et toujours membre de la direction de ce parti. Il y présente ses réflexions sur les grèves et manifestations de ces derniers mois.

Mettant en cause la politique de la droite gouvernementale, où "il y a aussi de la provocation" dit-il, il considère que, "malgré ses limites, ce mouvement social est porteur d'exigences fortes mettant en cause de façon de plus en plus consciente et réfléchie l'essence même du capitalisme". Dit par celui qui a dirigé le PCF pendant ces cinq années où il était associé à un gouvernement Jospin qui ne remettait en cause ni "l'essence" du capitalisme, ni surtout les intérêts bien concrets des capitalistes et autres nantis, cela devrait, comme on dit, "l'interpeller quelque part".

Mais au fond, Hue ne demande qu'à remettre ça: ce qu'il appelle les "limites" du mouvement social comporterait, selon lui, "un danger si ne s'ouvrent pas des perspectives de contenus politiques nouveaux". Bien sûr, le souvenir de la politique antiouvrière menée pendant cinq ans par le gouvernement Jospin, avec le soutien de la direction du PCF, est encore trop cuisant pour que Hue dise franchement que ces "perspectives politiques" prétendues nouvelles ne seront jamais en fin de compte qu'une resucée de ce qu'on a connu avec les gouvernements de la "Gauche plurielle", sinon de "l'Union de la gauche". Pour les besoins de la cause d'une alliance parlementaire voire gouvernementale avec le PS, la direction du PCF saura bien sûr trouver une nouvelle appellation pour camoufler une vieille politique qui a fait faillite. Mais, sur le fond, qu'est-ce que cela changera pour la classe ouvrière et les classes populaires?

Même si la direction du PCF a remis à la fin de l'année sa décision quant à d'éventuels accords électoraux avec le PS, c'est bien dans ce cadre-là qu'elle s'inscrit. Hue n'avance aucune perspective politique qui remette en cause "l'essence du capitalisme". Il préfère fustiger ce qu'il appelle "les populismes, de droite comme de gauche, qui feraient leurs choux gras" de la non-conclusion de tels accords. Il reprend aussi la veille accusation de "gauchisme" que les dirigeants du PCF ressortent périodiquement contre ceux qui les critiquent sur leur gauche. Sauf que, cette fois, Hue ne s'en prend pas aux seuls partisans de l'extrême gauche, mais à nombre de ceux qui ont fait grève et manifesté. "Certains", dit-il, pour ne pas reconnaître qu'ils étaient fort nombreux, se seraient "cantonnés à l'exigence du retrait pur et simple des projets gouvernementaux. Permettez-moi de citer ce que j'en disais il y a quelques jours: "Ces dérives-là, on les connaît. elles portent un nom, c'est le gauchisme!" Une telle démarche exclut (...) d'autres prolongements possibles au mouvement, notamment politiques".

On comprend que Hue soit gêné, car réclamer le retrait pur et simple du plan Fillon, même si cela n'aurait pas été facile à obtenir, c'était aussi dire clairement que l'on refusait toutes les politiques, qu'elles viennent de la droite ou de la gauche parlementaire, qui, sous prétexte de réforme des retraites, ne visent qu'à aggraver la situation du monde du travail en ce domaine.

Quant aux "prolongements politiques", qu'évoque Hue, qui ne réclameraient pas le retrait du plan Fillon, ceux qu'il appelle de ses voeux, ce sont finalement les mêmes que ceux que l'on a connus sous Jospin. Qui peut avoir oublié que, de 1997 à 2002, le gouvernement du PS auquel participait le PCF s'est, par exemple, bien gardé d'abroger les décrets Balladur de 1993, qui avaient imposé aux salariés du privé le même recul que Fillon et Raffarin veulent imposer aux travailleurs du secteur public?

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