Justice : Fermez l'oeil, et le bon03/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Justice : Fermez l'oeil, et le bon

Eric de Montgolfier, procureur de Nice, serait dans le collimateur du ministre de la Justice. Ce dernier s'appuie sur les conclusions d'un rapport de l'Inspection générale des services judiciaires, vieux de plus d'un an, ordonné par la précédente ministre de la Justice à la demande du procureur de Montgolfier lui-même. Celui-ci en espérait une confirmation des soupçons qu'il portait sur l'intégrité de certains magistrats niçois. Mais les auteurs du rapport ont préféré conclure qu'"Eric de Montgolfier a donné, par ses prises de position publiques, l'apparence de la vérité à des soupçons non vérifiés". Le procureur de Nice avait à plusieurs reprises attiré l'attention des médias et de l'opinion sur des affaires mettant en cause des notables, dont des magistrats. Ce rapport qui met en cause les méthodes du procureur de Montgolfier ne blanchit pas pour autant ces magistrats, préconisant même la mutation de l'un d'entre eux, récemment déplacé à Antibes. Mais pour Dominique Perben, ministre de la Justice et Garde des sceaux, "une réorganisation s'impose" dans les tribunaux niçois et cela semble signifier, pour le ministre, éloigner de Montgolfier des affaires niçoises pour permettre à la Justice de reprendre un cours plus serein.

Le syndicat de la magistrature soutient de Montgolfier et voit dans les conclusions du rapport de l'Inspection, reprises par le ministre de la Justice, une volonté "de reprise en main du parquet". Régulièrement le fonctionnement de la justice est mis en cause au nom des droits des citoyens mis en examen et qui doivent être considérés innocents tant qu'ils ne sont pas condamnés. Mais ces bons principes ne sont rappelés que lorsque ce sont des notables ou des puissants qui sont mis en cause, comme à Nice et plus récemment à Toulouse.

Alors on peut toujours reprocher aux quelques juges qui n'hésitent pas à révéler des affaires que les nantis et leurs porte-parole déclarent "sensibles" d'user et d'abuser des médias pour influencer l'opinion et de viser à leur propre valorisation. Quels autres moyens auraient-ils à leur disposition pour contraindre des personnages se considérant au-dessus des lois à rendre quelques comptes? Mais même ces quelques coups d'épingles portés aux habitudes et aux préjugés politiques et sociaux de ce qu'on appelle la justice, les autorités établies ont des moyens de les contrecarrer comme le rappellent les mésaventures de carrière du procureur de Montgolfier.

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