Israël-Palestine : La paix n'est pas pour demain03/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : La paix n'est pas pour demain

Après que les principales organisations palestiniennes, le Hamas, le Fatah, le Jihad islamique et le FDLP, ont souscrit dimanche 30 juin à une trêve de trois à six mois, l'armée israélienne s'est retirée d'un secteur au nord de la bande de Gaza occupé depuis près de deux mois et de la ville de Bethléem en Cisjordanie.

Cette trêve est assortie de plusieurs conditions posées par les organisations palestiniennes. Israël doit mettre notamment fin à ses incursions dans les Territoires, aux opérations ciblées de liquidation de militants palestiniens, aux destructions de maisons, au bouclage de l'immeuble de la Mouqata de Ramallah où siège Yasser Arafat. Le Hamas et le Jihad islamique demandent aussi la libération des détenus palestiniens. Le Fatah appelle au gel de la colonisation et au "retrait immédiat des forces d'occupation sur les positions d'avant le 28 septembre 2000".

Le gouvernement israélien, quant à lui, n'est pas revenu sur la position qu'il avait formulée avant même l'annonce officielle de la trêve, qualifiée par la voix de son ministère des Affaires étrangères de "bombe à retardement", qui serait une occasion pour les organisations palestiniennes de se réorganiser et de se réarmer.

Reconnaître officiellement la trêve serait pour Sharon une façon de reconnaître les organisations palestiniennes qui la proposent, ce à quoi il ne tient nullement. Au contraire même, c'est leur démantèlement qu'il exige de Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien récemment nommé.

C'est dire que Sharon exige des officiels palestiniens qu'ils réussissent là où l'armée israélienne, malgré les moyens considérables mis en oeuvre, a échoué. C'est le même scénario que Rabin et Pérès avaient mis en place lors des accords d'Oslo et des diverses autres entrevues qui s'étaient succédé: accorder aux Palestiniens l'ombre d'une indépendance sur un territoire des plus restreints, à la condition qu'ils parviennent à faire la police dans leurs propres rangs. Une telle politique méprisant profondément les attentes nationales et sociales des Palestiniens ne pouvait qu'échouer.

Mais cette fois-ci, et pour l'heure en tout cas, il n'y a aucun geste, même minime, du côté israélien. Les quelques démantèlements de colonies israéliennes dans les Territoires occupés ne se sont appliqués la plupart du temps qu'à des caravanes non habitées. Concernant la libération des prisonniers, Sharon a indiqué qu'il allait bientôt relâcher ceux qui sont en détention administrative, c'est-à-dire qui n'ont été ni condamnés, ni inculpés. Ils sont au nombre de 933 à croupir ainsi dans les prisons israéliennes, sans aucun motif. Ces concessions qui n'en sont pas correspondent à des points de la "feuille de route", bien peu exigeants comme on le voit pour Sharon qui, lui, ne parle d'un État palestinien que dans 40% des Territoires.

Dans de telles conditions, la paix ne peut pas être pour demain. Le gouvernement israélien la veut-il vraiment, d'ailleurs? On peut en douter lorsque l'on sait que, malgré toutes les prétendues négociations autour de la "feuille de route", un nouveau projet de colonisation vient de voir le jour au nord-ouest de Jérusalem, qui devrait engloutir toutes les terres du village de Beit Iksa.

À la fin du mois de juin, les 1600 habitants de celui-ci ont été réveillés brusquement par le vacarme des véhicules blindés israéliens. Un capitaine de l'"Administration civile", responsable du comité d'organisation de la colonie Beit II, a informé les habitants que leurs terres et leurs champs étaient aux mains de colons venus établir une nouvelle colonie sur quelque 1400 hectares, désormais propriété de l'État. Il est donc interdit aux propriétaires palestiniens de se rendre sur leurs terres et d'y travailler. La nouvelle colonie, baptisée Alona, doit constituer le prolongement de la colonie de Ramot et d'autres colonies établies au sud-ouest de Jérusalem, où l'armée israélienne a déjà construit au cours des derniers mois plusieurs routes réservées aux colons.

En aucun cas, une paix ne peut passer par ces spoliations et ces humiliations. Plus d'un demi-siècle d'affrontements l'a amplement montré.

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