Quelques euros de plus pour les smicards... des milliards pour les patrons !26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quelques euros de plus pour les smicards... des milliards pour les patrons !

Après avoir envisagé une augmentation du Smic de quelque 6%, après que le ministre de l'Industrie a évoqué une hausse de 5,5%, c'est finalement une hausse de 5,3% à partir du 1er juillet qui a été décidée par le gouvernement.

Il s'agit en fait d'un "coup de pouce" de 3,7%, ajouté à la hausse prévue de l'augmentation de l'indice des prix de 1,6%. C'est dire qu'on est loin d'une augmentation du pouvoir d'achat de 5,3%, d'autant que l'augmentation de l'indice des prix ne reflète pas la hausse réelle du coût de la vie et que les hypothèses concernant l'augmentation de cet indice la reflètent encore moins.

L'augmentation de 5,3% ne concerne en outre que moins de la moitié des smicards, environ un million sur 2,5 millions, d'après le gouvernement. En effet depuis la mise en place des 35 heures par Martine Aubry, il existe en fait six Smic différents et ce n'est que le plus faible des six qui bénéficiera de cette augmentation. Les autres Smic se verront appliquer des augmentations moindres, de 3,2 à 1,6%, de façon -selon le gouvernement- qu'en 2005 tous les Smic se rejoignent, alignés sur le plus élevé.

Il est remarquable que, pour réaliser cet alignement par "le haut", le gouvernement bloque en fait le Smic le plus élevé qui n'est revalorisé cette année que de l'hypothétique hausse de l'indice des prix de 1,6%. Les salariés qui touchent ce Smic non seulement devraient renoncer pendant trois ans à une progression de leur pouvoir d'achat mais assisteront même à sa dégradation, le mode de calcul de l'indice des prix étant concocté précisément dans ce but.

Les plus mal payés des smicards, qui toucheront donc la plus forte augmentation -si l'on peut dire- verront leur taux horaire brut passer de 6,83 euros à 7,16 euros soit 0,33 euros (2,16 F) d'augmentation. La majorité des smicards aura encore bien moins!

Mais le gouvernement s'est empressé d'indemniser généreusement les patrons. Il a décidé une réforme des exonérations de cotisations sociales patronales au 1er juillet qui permettra au patronat d'économiser, rien que cette année, presque sept milliards d'euros, selon les calculs du ministre Fillon lui-même. La réforme en question va s'étaler jusqu'en 2005. Sous prétexte de simplifier et d'unifier les exonérations patronales au titre des bas salaires et de la réduction du temps de travail, le gouvernement va accorder d'ici à 2005, à toutes les entreprises, des exonérations de charges sur tous les salaires d'un montant allant jusqu'à 1,7 fois le Smic, pour un pourcentage maximum d'exonération de 26% du salaire mensuel lorsqu'il s'agit du Smic. Les patrons vont bénéficier ainsi de nouvelles exonérations sur tous les salaires en dessous de 10000 F net, c'est-à-dire sur l'immense majorité des salaires ouvriers et employés.

Les exonérations de charges patronales liées au passage aux 35 heures, pour considérables qu'elles aient été, n'avaient qu'un temps. Le gouvernement a trouvé un nouveau dispositif, pérenne cette fois, pour perpétuer et augmenter les cadeaux faits au patronat.

Et voilà autant de sommes que le patronat n'aura pas à payer à la Sécurité sociale. Au moment où le gouvernement utilise l'argument du déficit pour imposer aux travailleurs des sacrifices sur les retraites et la santé, c'est tout de même un comble!

Partager