Parlement européen, ses retraites et ses salaires : "charité bien ordonnée..."26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Parlement européen, ses retraites et ses salaires : "charité bien ordonnée..."

Qui a dit que le Parlement européen n'avait pas de préoccupations sociales? Certes, il a une tendance affirmée à avaliser sans broncher tous les reculs sociaux que souhaite le patronat. La liste en serait interminable, mais on peut citer la généralisation du travail de nuit des femmes (au nom... de l'égalité hommes-femmes!) et, tout récemment, son acceptation du recul de l'âge de la retraite pour ses propres employés et fonctionnaires.

Mais il lui arrive de faire des exceptions. En tout cas, quand cela concerne directement les députés européens. Ainsi, le 4 juin, alors que dans plusieurs pays d'Europe les travailleurs manifestaient massivement contre les attaques sur leurs retraites, une majorité des députés européens de droite, du PSE (socialistes européens) et des Verts ont décidé d'abaisser l'âge de la retraite de 63 à 60 ans. Pour leur seul propre compte.

Au passage, ils ont aussi "harmonisé" leurs indemnités (leurs salaires). Jusqu'à présent, elles étaient alignées sur celles des députés nationaux de leur pays d'origine. D'où des disparités de traitement pouvant aller du simple au triple entre députés européens, sans toutefois que cela empêche même les moins chanceux d'entre eux de gagner largement plus que la moyenne des salariés européens. Mais, bien sûr, ce n'est pas de ce côté-là que ces gens regardent. Se drapant dans de "hautes" considérations européennes, ils ont donc décidé d'unifier leurs traitements, en les alignant par le haut et en se votant une augmentation qui, pour être donc variable, n'est pas mince. Ainsi, les élus français au Parlement européen verraient leurs indemnités passer à 8 500 euros mensuels (contre 5 633 actuellement, soit un tiers en plus), à quoi s'ajoute une augmentation substantielle de leurs "frais généraux", portés de 2 983 à 3 500 euros.

Les élections européennes approchant, et certains députés n'étant pas assurés de l'être encore dans un an, ils considèrent sans doute que c'est toujours cela de pris. Comme cela fait un peu gros, sinon provocateur, même dans les hautes sphères de l'Union européenne, le président en exercice de cette dernière a fait savoir aux députés européens que le Conseil des Quinze (les représentants des États membres de l'Union) pourrait refuser d'entériner ce vote, à moins que les députés ne renoncent à abaisser l'âge de leur retraite à 60 ans et ne transigent à 8000 euros ("seulement" plus de 52000 F)...

Les trois députées européennes de Lutte Ouvrière n'ont pas eu l'occasion de voter contre ces mesures, pour la bonne raison que le 4 juin elles n'étaient pas à Strasbourg: comme de très nombreux travailleurs de ce pays, elles manifestaient contre le plan Fillon-Chirac-Raffarin. Et il va de soi que, si elles avaient été alors dans l'hémicycle, elles auraient voté contre l'augmentation que s'est auto-octroyé le Parlement européen.

En ce qui concerne le salaire que le Parlement européen verse aux députées de Lutte Ouvrière, précisons aussi que, dans la tradition du mouvement ouvrier, elles ne gardent que l'équivalent de leur salaire ou retraite de travailleuses, ce qui signifie qu'elles reversent la plus grande partie, voire la totalité de leurs indemnités parlementaires à leur organisation afin de financer ses activités.

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