Maroc : La fin rapide d'un laxisme bien contrôlé26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : La fin rapide d'un laxisme bien contrôlé

Fin mai, dans un discours télévisé, le roi du Maroc Mohammed VI a annoncé "la fin de l'ère du laxisme". Stigmatisant ceux qui "exploitent la démocratie pour porter atteinte à l'autorité de l'État", ceux qui font "un mauvais usage de la liberté d'opinion", il a sonné la fin d'un timide intermède. Désormais solidement installé sur le trône de son père Hassan II, il peut en reprendre les méthodes autoritaires. Ils ont bonne mine, ces journalistes et hommes politiques qui avaient salué "l'ouverture" et fêté la "démocratie" retrouvée.

Les attentats-suicides de Marrakech ont fourni l'occasion d'affirmer cette ligne autoritaire. Le Parlement a adopté une loi antiterroriste que les défenseurs des droits de l'Homme jugent "liberticide". La police aura davantage de droits... et en profitera pour se les octroyer (si tant est qu'elle ait jamais cessé de le faire). La liberté d'expression restera un mythe, comme le confirme la condamnation du journaliste Ali Lmrabet à trois ans de prison pour "outrage à la personne du roi", même si aujourd'hui, à la suite de la grève de la faim d'Ali Lmrabet on parle d'une grâce royale pour cette condamnation.

Ce qui filtre de l'enquête sur les attentats donne une idée des méthodes de la police. On a appris en même temps l'arrestation du "coordinateur principal" des attentats et son décès durant son transfert vers Casablanca par la police, "des suites de maladies du coeur et du foie". Sinistre coïncidence. La police et la justice, qui perdent avec lui un accusé et un témoin important, ont d'autres suspects sous la main, autrement dit et si l'on comprend bien, des gens qui n'ont rien fait mais qui étaient "prêts" à agir et qui, aux mains de la police marocaine, sont menacés de "maladies du coeur et du foie".

Le "laxisme" du régime marocain aura été bien court, d'ampleur bien limitée, comme tout le faisait craindre. Le roi continue à parler de la marche du pays "vers la démocratie et la modernité", mais c'est le retour de la dictature, après quelques bavardages "démocratiques".

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