Irak : Les pilleurs dans la place26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Les pilleurs dans la place

L'Irak a redémarré sa production de pétrole dimanche 22 juin, et le pactole que cela va représenter attire les prédateurs, autrement dit les grosses sociétés.

Depuis la fin de la guerre, et même avant, les entreprises américaines sont sur les rangs. Prioritairement, celles qui sont les plus proches du pouvoir. Ainsi, les deux groupes Halliburton -dirigé de 1995 à 2000 par celui qui allait devenir le suppléant de Bush, le vice-président Dick Cheney- et Bechtel, et leurs filiales, remportent le jackpot puisqu'ils ont décroché respectivement des contrats de 600 et 680 millions de dollars sur les 2,4 milliards prévus par le Congrès américain. Bechtel est le premier groupe américain de travaux publics et se voit confier la remise en état des infrastructures de l'Irak. Halliburton et sa filiale Kellog Brown & Roots (KBR) sont spécialisés dans la remise en état des installations pétrolières, mais leurs compétences vont bien au-delà, puisque KBR est le fournisseur exclusif de l'armée américaine pour dix ans, de la marche des installations à la distribution des produits. Le conflit dans les Balkans lui avait déjà rapporté 1,2 milliard de dollars, l'Afghanistan 103 millions.

Cette manne dont vont profiter une minorité d'entreprises, sans même que les règles du jeu habituelles du fonctionnement capitaliste soient respectées, puisque les attributions se sont faites sans appel d'offres, suscite convoitises et grincements de dents parmi leurs concurrents qui les assaillent de propositions pour les "aider" à remplir leurs contrats; Bechtel a déjà été contacté par 87000 entreprises. Et dans les cercles dirigeants américains, les protestations se multiplient, des membres du Parti Démocrate, entre autres, se faisant les porte-parole des entreprises écartées.

Quant aux fournisseurs habituels de l'Irak, parmi lesquels la France et la Russie, ils protestent, eux, de se voir aussi écarter de ce pactole. L'arrêt du programme de l'ONU "pétrole contre nourriture" suspend en effet des contrats en cours. Ainsi, même si les autorités américaines accordent à Elf la permission d'exploiter une (petite) partie du pétrole irakien, d'autres entreprises françaises s'inquiètent de savoir ce qu'il adviendra des 195 millions de dollars de contrats en souffrance ou des 45 millions de marchandises en transit.

Les dirigeants américains parlent de reconstruire l'Irak. Mais cette reconstruction ne concernera pas les hôpitaux, logements, écoles, approvisionnement en eau et électricité, tout ce qui est indispensable à la population, et qui a été détruit par les bombardements des États-Unis et de leur allié anglais. Pour l'instant, les entreprises qui se disputent le marché vont reconstruire les infrastructures nécessaires à la production et à l'acheminement du pétrole, afin de pouvoir assurer leurs bénéfices. Sous prétexte de reconstruction, c'est donc le pillage de l'Irak et de ses ressources pétrolières qui se met en place.

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