Guantanamo : Barbarie d'Etat26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guantanamo : Barbarie d'Etat

Depuis un an et demi maintenant, les États-Unis maintiennent en détention, dans des conditions abominables, les prisonniers faits lors de la guerre menée en Afghanistan et qu'ils ont transportés sur leur base militaire de Guantanamo, à Cuba.

Malgré la fin officielle de la guerre, le nombre de ces prisonniers n'a pas cessé de grossir. En janvier 2002, au moment des premiers convois aériens de prisonniers, enchaînés et aveuglés, ils étaient environ 150 sur la base américaine. Aujourd'hui, ils sont 680 dans le camp de concentration baptisé X-Ray, enfermés dans des cages, privés de tout droit, considérés ni comme des prisonniers politiques, ni comme des prisonniers de guerre, ni même comme des détenus de droit commun, sans aucun contact avec l'extérieur, sans savoir non plus s'ils seront jugés ou pas, sous quel chef d'accusation, si leur détention totalement arbitraire finira ou pas un jour. Le gouvernement américain a donné toute autorité à l'armée qui dirige le camp pour détenir ceux qu'il qualifie de "combattants illégaux", aussi longtemps qu'elle le voudra et dans des conditions dont les militaires sont les seuls juges.

Malgré les protestations de plusieurs organisations humanitaires de défense des droits de l'homme, les conditions d'emprisonnement sont restées aussi dures, hors de tout contrôle. Dignes des dictatures les plus barbares, elles imposent à ces hommes, dont le plus jeune n'aurait que treize ans, une véritable torture permanente. Des tentatives de suicide ont été récemment signalées dans le camp où, pourtant, ces hommes sont soumis à une surveillance constante. L'an dernier, la grève de la faim d'au moins une centaine de détenus pour protester contre les humiliations et l'interdiction qui leur était faite de se couvrir la tête lors des prières, ainsi que le demande le culte musulman, a été nécessaire pour obtenir partiellement satisfaction.

Aujourd'hui, l'armée américaine déclare envisager de remplacer les cages métalliques dans lesquelles elle maintient les prisonniers par une prison en dur, assortie d'une chambre d'exécution. Les prisonniers pourraient alors être jugés, condamnés et exécutés dans l'enceinte même de la base. Le gouvernement américain parle ainsi de procès, ce qui est nouveau, mais c'est pour annoncer qu'il a d'ores et déjà nommé un colonel comme procureur général et un autre colonel comme avocat de la défense... pour plaider devant un tribunal constitué sur mesure par l'administration américaine.

Pour la plupart de ces hommes détenus dans ces conditions inhumaines, aucune preuve n'a été apportée jusqu'à maintenant d'un lien quelconque entre eux et l'organisation Al-Qaida de Ben Laden ou toute autre organisation terroriste. Mais même si cela était, le comportement des dirigeants des États-Unis à leur égard ne serait en rien justifié. Et en traitant ces prisonniers comme ils le font, ils démontrent de quel côté est vraiment la barbarie.

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