Expulsions d'immigrés : Sarkozy veut avoir les mains libres26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Expulsions d'immigrés : Sarkozy veut avoir les mains libres

Trois passagers d'un vol Paris-Bamako viennent d'être déférés devant le tribunal de Bobigny pour entrave à la navigation aérienne.

En fait, le 17 avril dernier à Roissy, ces trois personnes en partance pour une mission humanitaire au Mali se sont trouvées mêlées à une protestation contre l'expulsion de plusieurs ressortissants d'Afrique noire, embarqués dans le même avion qu'eux. Quand ils prirent place dans l'avion, qui accusait déjà plus de quatre heures de retard, plusieurs des expulsés se débattaient et criaient. Comme bien d'autres passagers, choqués par la brutalité et le traitement inhumain qu'infligeaient à ces immigrés la dizaine de policiers chargés de les escorter, ils firent savoir au personnel de bord qu'ils n'acceptaient pas de voyager dans de telles conditions. Face aux réactions que provoquait cette expulsion et ne parvenant pas à rétablir le calme, le commandant de bord lui-même demanda au chef d'escorte de débarquer les étrangers en situation irrégulière. Sans succès. Finalement, tous les passagers, policiers et expulsés compris, furent sommés de quitter l'appareil.

Entre-temps, des renforts de police étaient arrivés. Ils interpellèrent sans ménagement sept passagers, choisis de manière totalement arbitraire. Trois d'entre eux, accusés d'être les meneurs et d'avoir fait opposition à une procédure de reconduite aux frontières, furent placés en garde à vue avant d'être transférés, le lendemain, au tribunal de Bobigny. Là, ils apprirent qu'ils devraient comparaître pour entrave à la navigation aérienne.

Sans doute gêné par les témoignages de passagers qui contredisaient la version policière des faits et par le caractère disproportionné des suites données à cette affaire, le tribunal a condamné les prévenus mais les a dispensés de peine.

Ces faits illustrent les comportements d'une police qui se sent encouragée et couverte par Sarkozy dans cette chasse aux immigrés. Et elle ne tolère pas que des gens puissent lui demander des comptes, voire s'opposent à ses agissements racistes, brutaux et arbitraires.

En allant jusqu'à traîner devant les tribunaux ceux qui à juste tire s'indignent, Sarkozy et ses sbires veulent frapper l'opinion en étalant leur "fermeté" devant la fraction réactionnaire de l'électorat à laquelle ils veulent plaire. Mais ceux que cette politique anti-immigrés révolte ne se laisseront pas museler ainsi.

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