Lors d'une journée de grève contre le plan Fillon sur les retraites, nous avions interrompu le travail sur un chantier d'EDF de l'Ain. Sans attendre, la direction a confié ce chantier à l'entreprise Cégélec. Nous ne l'avons pas laissée faire, plusieurs équipes d'autres chantiers ont continué la grève et à une quarantaine de travailleurs accompagnés de délégués du CHSCT (comité d'hygiène et de sécurité -conditions de travail), nous nous sommes rendus sur le chantier en question, avec la volonté d'y interrompre le travail en constatant les manquements à la sécurité.

De fait, ceux-ci ne manquaient pas. L'entreprise intervenait sur un pylône 400000 volts sans préparation de travail, sans respecter les règles de sécurité concernant la pose de la ligne de vie pour monter au pylône, sans vérifier l'absence de tension avant la mise à la terre de la ligne. Par exemple, il était dit que les deux lignes étaient hors tension. En fait, le balisage réglementaire était absent si bien que les monteurs auraient pu se tromper de côté et mourir d'une décharge.

Un droit d'alerte a été déposé par le CHSCT. La direction de l'EDF, qui a toujours le mot "sécurité" à la bouche, déclarait qu'on exagérait les risques. Il a fallu notre insistance et le blocage de fait du chantier pour qu'elle fasse marche arrière. En attendant la révision de son plan de prévention, le travail ne devait pas reprendre.

Ce mépris de la sécurité de la part de notre direction donne un avant-goût des conditions de travail qui se généraliseront si la privatisation de l'EDF se met en place.