Chômage : Des indemnités peau de chagrin26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : Des indemnités peau de chagrin

Depuis le 1er janvier 2003, toute une partie des nouveaux chômeurs se trouvent privés d'allocations chômage. C'est la conséquence de l'accord imposé par le patronat à la fin de l'année dernière, et qui, politique paritaire oblige, fut donc signé par les organisations patronales et certains syndicats. Le but affiché était de réduire les allocations versées, afin d'"équilibrer les comptes" de l'UNEDIC. En oubliant au passage les baisses de cotisation que le patronat s'était octroyé.

Depuis le début de l'année, les indemnités de chômage ont aussi été réduites de 3,13% du fait d'une augmentation des cotisations de retraite complémentaire. Mais surtout, une réduction très importante de la durée d'indemnisation du chômage a été mise en place. Elle s'applique aux nouveaux chômeurs et s'étendra, à partir du 1er janvier 2004, à la plupart de ceux qui étaient déjà au chômage en 2002.

Sous prétexte de simplification, l'indemnisation durera beaucoup moins qu'auparavant pour tout le monde: "Si la durée de vos droits était initialement de quinze mois, elle passera à sept mois. (...) Si elle était de trente mois, elle passera à vingt-trois mois", indique une lettre circulaire adressée par l'ASSEDIC à des chômeurs. De plus, les droits spécifiques des chômeurs de plus de cinquante ans sont remis en cause. Ce sont d'ailleurs eux qui subissent le plus l'effet des nouvelles mesures, alors que c'est la catégorie qui a le plus de difficulté à retrouver un travail.

Les conséquences de l'accord signé le 20 décembre 2002 entre le MEDEF, la CFDT et la CGC, approuvé également par la CFTC, conduisent à une diminution d'environ 14% du budget d'indemnisation des ASSEDIC. Celles-ci viennent de chiffrer le nombre de chômeurs touchés par les conséquences de ce dispositif: 252 400 arriveront en fin de droits dès le 1er janvier prochain, en raison du raccourcissement de la durée d'indemnisation, et devront au mieux survivre avec l'Allocation Spécifique de Solidarité, l'ASS. 361500 chômeurs devraient être ainsi également touchés d'ici la fin de 2005. Et encore cette estimation (613 900 au total) risque-t-elle d'être en deçà de la réalité.

Pourtant, déjà la moitié des allocataires de l'assurance chômage, des ASSEDIC, perçoivent moins de 770 euros par mois. Déjà aujourd'hui près de 500000 salariés licenciés doivent survivre avec l'ASS, 1,1 million avec le RMI, qui dépasse à peine 400 euros pour un célibataire, et encore tout le monde n'y a pas droit. Des centaines de milliers d'autres n'ont plus rien. Voilà à quoi le patronat, avec le quitus de quelques syndicats, réduit les ressources des salariés qu'il a licenciés!

Toute honte bue, certains représentants des syndicats signataires de l'accord s'en sont félicités sur le thème: "On a échappé au pire!". "Il s'agit ni plus ni moins de sauver le régime pour les chômeurs", a déclaré Michel Jalmain, le représentant de la CFDT. Air bien connu désormais, avec son couplet tout aussi mensonger repris de la propagande gouvernementale sur "le sauvetage des retraites". La seule chose qu'il s'agit de préserver ce sont les profits. Car il n'est pas question pour le patronat de prendre en charge les conséquences sociales des licenciements, que ce soit pour le financement des retraites ou l'indemnisation des chômeurs.

Quelle situation dramatique cela entraînera-t-il dans les familles ouvrières touchées par le chômage? Ce n'était visiblement pas la principale préoccupation du patronat ni de ceux qu'il a compromis. Espérant éviter les réactions, les signataires de l'accord souhaitaient surtout une application étalée dans le temps. Un sordide calcul qui, espérons-le, sera démenti.

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