Le PS, "parti responsable"...12/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1819.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PS, "parti responsable"...

Si le mouvement social n'a pas réussi -pour le moment- à guérir la surdité de Raffarin, il a obligé la direction du PS à sortir de son mutisme sur les retraites. Avec un bon temps de retard et bien timidement.

Après que Rocard, Delors, Charasse ont déclaré que la "réforme" des retraites proposée par Raffarin-Fillon s'inscrivait dans la continuité des projets du PS, François Hollande s'est senti obligé de donner quelques précisions sur ce que proposait son parti en la matière.

Dans une longue interview publiée dans le quotidien économique Les Échos du 10 juin, il donne une définition de ce "réformisme de gauche", dont il avait parlé lors du récent congrès du PS: "C'est, dit-il, la synthèse entre nos deux cultures: une culture de transformation sociale et une culture de responsabilité". Pour ce qui est de la culture de responsabilité, on a pu la voir à l'oeuvre quand le PS gouvernait. Mais on la voit encore actuellement, alors que le PS est redevenu un parti d'opposition.

Si Hollande se déclare partisan du retrait du projet Fillon sur la retraite, il ne faudrait pas croire qu'il est, pour autant, sur la même longueur d'onde que les manifestants et les grévistes, qui eux veulent imposer au gouvernement de remiser totalement ses mesures. Ses divergences ne portent que sur la méthode.

Le principal reproche que fait Hollande à Raffarin et à son équipe est de n'avoir pas négocié le temps qu'il fallait. Comme si l'essentiel était là! Comme s'il fallait que les salariés acceptent que l'on puisse négocier sur leur dos la régression sociale dont ils seraient les victimes, pourvu que l'on ait sacrifié au rituel d'un prétendu dialogue. Il ne serait pas plus acceptable parce qu'il serait plus long, et plus consensuel.

En fait, le PS s'inscrit, comme d'autres, dans le raisonnement qui considère que la réforme des retraites serait inévitable et indispensable. Il en conclut, lui aussi, qu'il faudrait appeler les salariés à l'effort. Il préconise non pas de jouer sur l'augmentation de la durée du temps de cotisation comme le propose Fillon (encore que le PS considère l'allongement de la durée de cotisation de ceux qui, jusqu'à présent, cotisaient encore 37 ans et demi, comme allant de soi), mais d'augmenter la CSG qui, faut-il le rappeler, est payée pour l'essentiel par les salariés. Pour le reste, il propose, comme certains députés de droite, de moduler la durée des cotisations en fonction de la pénibilité du travail, ce qui revient, sans le dire, à augmenter la durée de cotisation pour ceux qui ne seraient pas soumis à cette pénibilité. Mais qui définirait cette pénibilité, sur quels critères?

Voilà pour ce qui concerne "la culture de responsabilité" dont le PS se revendique. Sa "culture de transformation sociale" est nettement plus limitée. Mais comme il lui faut tenir compte de la contestation qui se fait entendre actuellement, François Hollande déclare que si le Parti Socialiste était "aux responsabilités", il "annulerait les allégements d'impôts engagés par le gouvernement pour les affecter aux retraites de la fonction publique" -allégements qui, c'est un fait, bénéficient aux catégories aisées- et, ajoute-t-il, on pourrait "concevoir deux nouvelles ressources qui seraient affectées au fonds de réserve des retraites: l'une sur l'ensemble de la richesse produite, l'autre sur les revenus du patrimoine".

Tiens donc! Le PS conçoit, sur le tard et du bout des lèvres, que l'on puisse taxer la richesse produite et même le patrimoine. Mais s'il le conçoit, il reste vague et général. Il aurait été pourtant simple de dire les choses clairement, de dire qu'il faudrait s'en prendre au revenu du capital, et de chiffrer la part du patrimoine qui permettrait de faire face à un éventuel déficit des caisses de retraite. Mais ce manque de précision n'est pas fortuit. Il fait partie de sa "culture de responsabilité".

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