Congo-Kinshasa : Les visées de l'impérialisme français12/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1819.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Congo-Kinshasa : Les visées de l'impérialisme français

Après la Côte-d'Ivoire, le Liberia et maintenant la République démocratique du Congo (l'ex-Zaïre ou Congo-Kinshasa). "La France multiplie ses interventions africaines" titrait Le Figaro du 11 juin. En effet, même si elles n'ont jamais cessé depuis la prétendue "décolonisation", ces derniers temps l'impérialisme français fait feu de tout bois dans ce qu'il continue à considérer comme sa "chasse réservée".

Ainsi, le 10 juin, un premier contingent militaire français (arrivé avec ses blindés du Gabon, un autre pays africain où la France maintient des troupes) a débarqué à Bunia, au Congo. D'autres doivent suivre pour atteindre un total de 1500 soldats, principalement français, dans le cadre de la mise en place d'une dite force multinationale d'urgence (FMN), couverte par l'ONU et placée sous commandement français. En effet, bien que discréditée après avoir soutenu jusqu'au bout le régime du dictateur Mobutu, la France n'a pas abandonné ses visées sur le Congo (ex-Zaïre) et plus généralement sur cette partie du continent africain baptisée l'Afrique des Grands Lacs.

L'occasion de revenir vient de lui être fournie en Ituri, dans le nord-est du Congo, où la FMN est censée "pacifier" la ville de Bunia et sa région, ravagées par les affrontements opposant les ethnies rivales des Hémas et des Lendus. Ces combats auraient déjà fait plus de 50000 morts en quatre ans.

En fait, depuis plusieurs années, le Congo est devenu un champ clos où s'affrontent une multitude de bandes armées, issues du pays lui-même mais également de plusieurs autres pays africains qui, sous prétexte de soutenir telle ou telle faction, se livrent à un gigantesque pillage des ressources naturelles du pays (or, diamants, pétrole, bois, cuivre et métaux précieux). En ce qui concerne l'Ituri, région riche en or et en pétrole, elle est convoitée par l'Ouganda et le Rwanda voisins. Alliés hier contre Mobutu, ces deux pays se retrouvent aujourd'hui rivaux et ils se livrent une guerre par procuration en armant des combattants locaux, les miliciens lendus de l'Union des patriotes congolais (UPC) ayant les faveurs du Rwanda, tandis que les Hémas bénéficient du soutien de l'Ouganda.

Dans ce contexte, l'intervention française, même couverte par l'ONU et soutenue par plusieurs pays comme les États-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne et la Belgique, est loin de faire l'unanimité. L'appui apporté par l'armée française, via "l'opération Turquoise", aux responsables du génocide rwandais de 1994 a laissé un vif contentieux entre Paris et les autorités de Kigali. D'autant que beaucoup d'anciens génocidaires sévissent aujourd'hui encore dans les régions du Kivu et d'Ituri, qui agissent tantôt pour leur propre compte, tantôt comme supplétifs au service du gouvernement congolais ou du gouvernement ougandais, et plus souvent tout à la fois.

Même en se retranchant, une fois de plus, derrière des raisons humanitaires et pacifiques, l'intervention française aura bien du mal à cacher ses véritables intentions: profiter du chaos pour opérer un retour en force et déployer des troupes afin de défendre les intérêts de l'impérialisme français dans la région des Grands Lacs.

Partager