Le gouvernement devra bien céder si la lutte se généralise29/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1817.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Le gouvernement devra bien céder si la lutte se généralise

Ce dimanche 25 mai, la colère du monde du travail contre les projets de Fillon et Raffarin s'est exprimée puissamment dans les rues de Paris et en province. Les enseignants en lutte ouvraient la voie, mais la fonction publique était aussi largement représentée, dans une moindre mesure le privé. Pas question qu'on réduise et précarise encore les personnels, sous prétexte de "décentralisation". Pas question que les travailleurs perdent 20 à 30% sur leurs retraites, qu'ils s'usent jusqu'à 65 ans et plus à la tâche s'ils ne sont pas licenciés avant, et survivent pour beaucoup avec des retraites à peine supérieures aux 578 e (3800 F) du minimum vieillesse. Les mammouths à dégraisser sont dans le milieu patronal.

La grève de l'éducation nationale, pour le retrait de tous les projets gouvernementaux, et le retour à l'égalité pour tous, public et privé, en particulier 37,5 annuités de cotisations pour tous, n'est pas tombée du ciel. Elle a démarré il y a près de deux mois à l'initiative de minorités têtues qui sont allées d'écoles en lycées, en passant par les collèges, jusqu'à ce qu'elle s'étende jusqu'au moindre village. Les syndicats ont emboîté le pas. Mais ce mouvement puise sa force et son pouvoir de contagion dans les initiatives d'assemblées vivantes, de grévistes syndiqués ou non syndiqués, d'établissement, villes, départements, régions. A l'échelle nationale aussi, il y a une coordination. Les grévistes sont allés à la rencontre des parents comme des travailleurs d'entreprises proches. Et leur élan a cristallisé la colère du monde du travail.

Ce dimanche 25 mai a marqué un crescendo, après les journées syndicales interprofessionnelles des 1er février, 3 avril et 13 mai. Dans les rues de Paris, il a été explicitement question d'un "tous ensemble", d'une "grève générale". La généralisation de la riposte à tous les travailleurs du public et du privé est effectivement à l'ordre du jour.

La semaine sociale est annoncée comme "lourdement chargée". Préavis de grève dès lundi dans les hôpitaux, puis le mardi 27 mai à La Poste, France-Télecom, ANPE, chez les territoriaux dont les éboueurs parisiens, aux Finances, chez les contrôleurs aériens et nouvelle journée de l'éducation nationale. Des délégations de travailleurs du public et du privé se joindront aux cortèges des enseignants.

Malheureusement, Bernard Thibault pour la CGT, Marc Blondel pour FO ou Gérard Aschieri pour la FSU (ne parlons plus de François Chérèque qui a déjà jeté l'éponge), ne fixent pas un plan de lutte pour l'ensemble des travailleurs. Si le mouvement va vers une généralisation, c'est contre leur gré! Dans les hautes sphères syndicales, ce ne sont qu'atermoiements, report au surlendemain de ce qu'il faudrait faire le lendemain si ce n'est le jour même. Le mouvement qui aurait pu démarrer dans les transports au lendemain du 13 mai, a été remis aux lendemains du 25 mai, puis aux lendemains du 3 juin. Ces reports n'ont pas réussi à démobiliser les enseignants. Ils en ont profité pour élargir et enhardir leur mouvement, s'adresser à de nouvelles catégories de travailleurs et avoir désormais les yeux fixés sur la perspective du tous ensemble à partir du 3 juin, avec cette grève reconductible annoncée à la SNCF et plus généralement dans les transports.

Le gouvernement vient de dire qu'il n'y avait plus rien à négocier. Il serait donc temps que les directions syndicales cessent de l'implorer de le faire, ou on va se demander qui est le prochain Chérèque! Contrairement à ce qu'affirment le gouvernement, les politiciens et même les dirigeants syndicaux, il n'y a pas de fatalité à la réforme des retraites. L'argent des retraites, il est là, à portée de main: il suffit de le prendre sur les profits. Il n'y a pas à marchander à quelle sauce les vieux travailleurs seront mangés.

Raffarin, Fillon et Ferry ne céderont que devant une grève qui se généralise. C'est d'ailleurs quasiment ce qu'ils disent. Alors, qu'à cela ne tienne. Rejoignons les grévistes de l'Education Nationale et ceux du secteur du public qui leur ont déjà emboîté le pas. Multiplions les assemblées et coordinations de grévistes, y compris inter-professionnelles. Les dirigeants syndicaux devront bien suivre, et les ministres lâcher prise!

Editorial des bulletins d'entreprise L'Etincelle du lundi 26 mai 2003

Convergences Révolutionnaires n° 27 (mai-juin 2003), bimestriel édité par la Fraction
Un dossier sur l'industrie de guerre et le trafic d'armes à l'heure de la mondialisation.
Éditorial: "Pour que la rue gouverne"
Des articles : Sur les grèves de l'Éducation nationale, le 32e congrès du PCF, les Sans-papiers ou la drôle de "victoire de la démocratie contre Le Pen", l'individualisation des salaires et leur régression, la situation du capitalisme américain, l'enjeu du pétrole en Algérie, la rage des sidérurgistes en Belgique.
Pour se procurer ce numéro, 1,5 v, ou s'abonner (1 an: 9 v, de soutien: 15 v) écrire à:LO, pour la Fraction, BP 233 - 75865 Paris Cedex 18 ouLes Amis de convergences, BP 128 - 75921 Paris Cedex 19Sur le Net: http://www.convergencesrevolutionnaires.org

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