Faïencerie - Sarreguemines Bâtiment (Vitry-le-François) : Le tribunal de commerce soutient les licencieurs29/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1817.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Faïencerie - Sarreguemines Bâtiment (Vitry-le-François) : Le tribunal de commerce soutient les licencieurs

L'emploi des travailleurs de la Faïencerie de Vitry-le-François ne tient plus qu'à un fil. En redressement judiciaire depuis le dépôt de bilan de janvier 2002, à ce jour la seule offre de reprise présentée a été repoussée par le tribunal de commerce de Paris, jeudi 22 mai, qui a demandé une nouvelle proposition d'ici au 19 juin.

Le tribunal de commerce (dont les juges sont des patrons) s'est rangé aux exigences de la famille Fenal, actionnaires de l'entreprise.

Ce sont ceux-là qui ont décidé de liquider l'entreprise et les 350 emplois. Ce n'est pas parce que l'entreprise va mal: même après le dépôt de bilan, elle continue à produire des sanitaires à des cadences folles, et les chefs font venir travailler les samedis en heures supplémentaires. Depuis des années, des sommes colossales ont été prélevées de l'entreprise pour alimenter la société-holding FSDV cotée en Bourse, sous forme de loyers, de services informatiques, de frais de siège, etc. Et s'il n'y avait pas ce détournement réclamé par les actionnaires pour leur holding, l'entreprise aurait encore fait du profit en 2002 malgré le dépôt de bilan!

Les actionnaires, après avoir fait des profits colossaux, préfèrent maintenant se débarrasser de l'usine et faire une belle opération immobilière: les terrains sont situés près de la gare et peuvent rapporter une coquette somme.

Le seul plan de reprise émane du directeur actuel de l'entreprise qui a trouvé l'appui d'un financier américain, qui s'est notamment illustré en faisant fermer récemment la fonderie d'Autun. Le plan prévoit le maintien de 327 emplois, en fait sans aucune garantie pour l'avenir.

Des garanties, ce n'est pas pour les travailleurs que le tribunal en a réclamé, mais pour les actionnaires. Et s'il a refusé le plan, c'est parce qu'il ne satisfaisait pas les "conditions suspensives" édictées par les actionnaires liquidateurs.

Ainsi, non seulement ces patrons voyous, après avoir pompé le fruit de la richesse des travailleurs et celui des collectivités locales qui les ont subventionnés, peuvent du jour au lendemain décider de fermer une usine, mais le tribunal veille à ce qu'ils le fassent avec le maximum de profit!

Cinquante travailleurs de l'usine étaient venus assister à l'audience du tribunal et ont hué les actionnaires à l'annonce du résultat. Le lendemain, aux piquets de grève, aucun travailleur ne rentrait et à 7 heures une assemblée générale était organisée à l'appel des syndicats CGT et FO de l'entreprise. Puis tous les travailleurs, y compris les chefs, sont allés manifester dans la ville.

Encore le lendemain, une assemblée de 60 personnes a eu lieu dans l'usine à l'appel de FO pour faire le point et envisager d'autres actions.

C'est la première fois depuis 1979 qu'il y a une grève. Il faut dire que, depuis le dépôt de bilan, les chefs et la CGT locale ont pesé de tout leur poids pour empêcher que les travailleurs ne s'expriment.

Aujourd'hui la preuve est faite que ce n'est pas en se taisant mais au contraire en montrant leur colère auprès de tous, patrons et pouvoirs publics, que les travailleurs pourront se faire entendre.

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