Au Brésil, Lula et le Parti des Travailleurs (PT) sont au pouvoir depuis cinq mois à peine. Mais déjà leur politique apparaît pour ce qu'elle est: une politique au service des possédants, brésiliens aussi bien qu'impérialistes. Remisées, les promesses de faire reculer la faim et le chômage, de remettre à niveau les salaires et de réaliser enfin la réforme agraire.

En revanche, Lula reprend tous les projets antiouvriers du précédent gouvernement Cardoso, sur la Sécurité sociale, les retraites et le code du travail. Il veut satisfaire la bourgeoisie tambour battant et dégager des fonds qui permettent de l'aider. Au point qu'un journaliste brésilien remarquait: "On n'a pas encore pu distinguer Lula de Fernando Henrique Cardoso."

Cette politique provoque des remous au sein du PT, qui compte des courants radicaux, trotskystes en particulier. Des députés et une sénatrice ont protesté contre les réformes entreprises. Deux députés ont par exemple rediffusé une cassette vidéo dans laquelle Lula, en 1987, critiquait violemment les mesures qu'il préconise aujourd'hui. Le 21 mai, ils ont été démis des responsabilités qu'ils détenaient au sein du PT et exclus de son groupe parlementaire. Un autre député et la sénatrice Heloisa Helena sont menacés d'expulsion du parti.

Il y a dans le PT une tradition de liberté de parole qui permettait jusqu'ici à chacun de dire ce qu'il pense. Huit sénateurs voulaient donc protester contre les menaces d'exclusion: le leader du PT au Sénat et le président du parti ont menacé de démissionner, s'ils le faisaient. L'appareil du PT met tout son poids pour imposer le silence dans les rangs.

C'est vrai que, lorsqu'on a décidé d'attaquer sur tous les terrains la classe ouvrière et la population pauvre, il vaut mieux taire les critiques. Même s'il faut pour cela exclure ceux qui voudraient protester.