Après les retraites,le tour de la sécu22/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1816.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après les retraites,le tour de la sécu

Le projet de "réforme" des retraites de Fillon-Raffarin a beau faire l'unanimité contre lui, ceux-ci persistent dans leurs choix et se préparent à s'attaquer à ce qu'ils nomment la réforme de la Sécurité sociale. Mattei, le ministre de la Santé, s'en est expliqué dans une interview publiée dans Le Monde du 17 mai.

Le déficit prévu de la Sécu cette année, de 7,9 milliards, serait selon lui dû pour les trois quarts à un manque de recettes. Un sixième seulement viendrait de la croissance des dépenses. Mais le ministre ne s'interroge pas sur l'origine de ce manque de recettes. Il devrait alors parler des dizaines de milliards de cadeaux faits aux patrons, sous forme d'exonérations de cotisations. Il devrait aussi parler du chômage, provoqué par ces mêmes patrons et leurs plans de licenciements, qui limite les ressources des caisses.

Pour Mattei, il n'est pas question d'augmenter les prélèvements obligatoires, car selon lui cela "pénaliserait l'investissement et donc la reprise de la croissance". De quelle croissance parle-t-il, sinon de celle des profits?

Il faudrait une "meilleure prise en compte du vieillissement de la population", ajoute-t-il, c'est-à-dire libérer le plus possible la Sécu de ces dépenses. Par exemple en "associant" les collectivités locales, pour la dépendance, ou les assurances complémentaires. Et surtout en "infléchissant la croissance des dépenses de maladie".

Ces dépenses, ce sont les malades qui devront les assumer. La Sécurité sociale remboursera moins, comme pour les 617 médicaments dont le remboursement vient de passer de 65% à 35%. L'idée du "service médical rendu" vient de Martine Aubry: "C'était une bonne idée, que je mets en oeuvre", dit Mattei.

De même il faut mettre l'accent sur le contrôle des arrêts maladie des plus de 55 ans. Selon Mattei, "dans certains cas l'arrêt-maladie sert de système de préretraite. C'est inacceptable." Ce qui est inacceptable, c'est de réduire l'accès aux soins qui touche, en premier lieu, les plus démunis.

Mais si les malades vont devoir payer davantage, le ministre n'a nullement l'intention de s'en prendre à l'industrie pharmaceutique qui prospère pourtant grâce à la Sécu, qui lui assure un vaste marché captif.

La réforme de la Sécurité sociale que Mattei promet pour l'automne aboutirait à ce que les caisses de la Sécu remboursent moins, ouvrant un large marché aux assurances complémentaires et laissant une bonne part des dépenses à la charge des malades, du moins de ceux qui pourront les assumer. Les autres seront libres... de ne pas se soigner.

Il est plus que temps de faire échouer les attaques du gouvernement Raffarin, à commencer par celles qu'il mène en ce moment sur les retraites et contre le personnel de l'Education nationale.

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