Un patronat qui se débarrasse des plus âgés !15/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un patronat qui se débarrasse des plus âgés !

Alors que gouvernement et patronat veulent allonger le nombre d'annuités ouvrant droit à la retraite, des journalistes ou hommes politiques invoquent à ce propos ce qu'ils appellent un "paradoxe". À les en croire, il serait paradoxal que l'âge moyen réel de cessation d'activité dans ce pays soit d'environ 57 ans, alors qu'il faudrait, selon eux, repousser l'âge de départ en retraite au-delà de 60 ans.

Chacun sait bien pourtant que, en matière de retraite comme pour le reste, les patrons n'obéissent qu'à une seule logique: celle de leurs profits. C'est cette logique-là, si l'on peut dire, qui fait qu'ils veulent à la fois repousser l'âge "normal" de la retraite et baisser le montant de toutes les retraites, en même temps que se débarrasser des travailleurs qui n'ont pas atteint 60 ans, dans le cadre de départs en retraite anticipée.

Cela fait des années que les patrons ont largement recours aux nombreuses formules en ce domaine: CASA, CATS, dans l'industrie; plans de préretraite dans les banques et assurances; PRP ou plans de retraite progressive, sans oublier les licenciements massifs masqués en mises en préretraite.

Tout cela permet au patronat de licencier à bon compte, sans le dire et, en tout cas, sans que cela apparaisse dans les statistiques du chômage. Il se débarrasse ainsi de travailleurs usés, et qui souhaitent bien sûr souffler un peu plus tôt après toute une vie de travail, même si, bien souvent, on le leur fait payer par une baisse de salaire... et donc de leur retraite à venir. Le patronat y gagne en outre de pouvoir les remplacer, mais jamais en proportion équivalente, par des plus jeunes, susceptibles de produire plus, mais plus mal payés que les partants et souvent sous statut précaire.

Le comble est que les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont ajouté une très grosse cerise sur ce gâteau patronal, avec l'accord au moins tacite des grandes centrales syndicales. Car c'est l'État -en fait les contribuables et les assurés sociaux, donc principalement les travailleurs eux-mêmes- qui subventionne tout ou partie des dépenses liées à ces préretraites, ainsi que les primes offertes aux patrons pour l'embauche de jeunes.

Essayez un peu d'échanger votre ancienne voiture contre une neuve, dernier modèle, en réclamant en plus de l'argent pour cela! Eh bien, Renault, Citroën le font, à grande échelle, avec leurs vieux salariés qu'ils jettent comme des citrons après en avoir pressé du profit. Et il n'y pas que le patronat de l'automobile.

Rien que ces dernières semaines, Alcatel, GIAT-Industries, la Banque de France et Air France ont annoncé qu'ils allaient ainsi réduire leurs effectifs de dizaines de milliers de travailleurs. Il ne se passe pas de mois sans que la presse ne mentionne de telles opérations -et encore, on ne nous parle que de celles que lancent les plus grandes entreprises, celles qui croulent sous les profits, avoués ou non.

Le "paradoxe" n'est qu'un aspect particulièrement écoeurant de la rapacité patronale, soutenue avec hypocrisie ou avec un cynisme affiché par tous les gouvernements depuis des années.

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