Région parisienne : Grève des médecins urgentistes15/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Région parisienne : Grève des médecins urgentistes

Depuis plusieurs semaines la colère monte chez les médecins travaillant dans les services d'urgence et les Samu.

En octobre 2001, le gouvernement Jospin avait mis en place une importante modification des conditions de travail des médecins hospitaliers, dont le principal point était l'application au premier janvier 2003 d'une directive européenne de... 1991 limitant le temps de travail à 48 heures par semaine en moyenne sur quatre mois.

Dans les Urgences, les médecins travaillent fréquemment plus de 60 heures et cela ne s'est pas amélioré ces dernières années, bien au contraire. On manque cruellement de médecins acceptant ces conditions. D'autant plus que les contrats de travail se caractérisent par leur précarité. Le premier janvier 2003 est passé et rien n'a été fait pour que les 48 heures de travail maximum passent enfin du projet à la réalité.

Face à cela, les revendications des urgentistes apparaissent modestes. Ils demandent que leur travail au-delà des 48 heures soit correctement payé, que tous les médecins aux urgences soient affectés au minimum comme Praticien Hospitalier Contractuel (contrats de trois ans) et surtout que l'on crée suffisamment de postes pour que, le plus vite possible, il n'y ait plus aucun médecin qui travaille plus de 48 heures.

La grève est largement suivie, 75% à l'Assistance Publique et 50% dans le reste de la région parisienne. Pour le moment cela ne change rien à l'activité, car les médecins travaillent en étant assignés par la direction de leurs hôpitaux.

Le gouvernement choisit de ne rien dire aux urgentistes. Par communiqué de presse, il prétend que beaucoup a déjà été fait pour les urgences mais ne s'engage sur rien de précis.

Pourtant si le gouvernement s'obstine dans son refus, la situation peut rapidement devenir dramatique. Sans embauche notamment, certains services ne pourront pas tourner cet été. C'est la politique du gouvernement de laisser pourrir la situation et de justifier ainsi la fermeture de services sous ce prétexte. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait tous les gouvernements depuis des années.

Les médecins urgentistes en ont assez qu'on leur fasse des promesses en l'air et sont inquiets pour leur avenir et celui du système de santé. La situation est la même partout en France et un appel à une grève nationale est lancé pour le 20 mai. D'ici là les urgentistes parisiens ont décidé de participer à la manifestation pour la défense des retraites le 13 mai et d'appeler à un rassemblement devant le ministère de la Santé le 16.

Cela ne suffira sans doute pas à faire reculer le gouvernement. Les intérêts des médecins urgentistes sont liés à ceux de tout le personnel hospitalier et plus largement encore à ceux de l'ensemble des travailleurs. Les économies réalisées dans les services des urgences ne sont qu'un des aspects de la politique de réduction du coût de la santé menée par le gouvernement. Et cette politique antisociale dans le domaine de la santé n'est elle-même qu'un des aspects de l'offensive patronale contre les travailleurs, et bien sûr mettre vraiment fin à cette politique ne pourrait se faire que dans le cadre d'un mouvement d'ensemble du monde du travail.

Même si peu de médecins s'inscrivent dans une telle perspective, leur grève représente tout de même un pas dans cette direction.

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