Israël : Une feuille de route bien mal partie15/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Une feuille de route bien mal partie

Colin Powell, le représentant de Bush, s'est rendu en Israël pour promouvoir la "feuille de route", ce prétendu plan de paix concocté par le "quartette", c'est-à-dire les États-Unis, l'Union Européenne, la Russie et l'ONU, auprès des Israéliens et surtout des Palestiniens. Car c'est avant tout de ces derniers que Powell attend des "actions positives" quant à la lutte contre le terrorisme, qui serait à l'entendre uniquement l'oeuvre des individus et des groupes palestiniens.

Qu'Israël accroisse ses colonies au détriment des terres et des villages palestiniens, qu'il s'empare des champs cultivés pour une quelconque raison de sécurité, souvent inventée pour la circonstance, qu'il détruise des maisons au seul motif qu'un membre d'une famille serait soupçonné d'activités terroristes; que son armée tire sur tous ceux qui lui résistent, même une simple pierre à la main et fussent-ils des enfants, que ses chars et ses hélicoptères de combat bombardent des camps de réfugiés pour atteindre "une cible", tout cela ne serait pas du terrorisme, du seul fait qu'il est mis en oeuvre par un État.

Le terrorisme des Palestiniens n'est que l'expression de leur détresse face à l'oppression, à l'humiliation et aux spoliations dont ils sont victimes. Et ce terrorisme qui exprime leur désespoir ne pourra véritablement cesser qu'avec la fin des raisons qui l'ont fait naître. Pas plus Arafat dans le passé que le nouveau Premier ministre Abou Mazen aujourd'hui n'ont la possibilité d'empêcher ces actions des Palestiniens (certes injustifiables, en particulier quand ils s'en prennent aveuglément aux civils), qu'Israël et les États-Unis se bornent à cataloguer comme "terroristes", parce que c'est plus commode.

Alors que les injonctions faites aux Palestiniens ne sont pas négociables, ni même parfois discutables, les quelques faibles sollicitations présentées à Sharon sont toujours présentées comme étant des éléments parmi d'autres dans la discussion. Cela permet au Premier ministre israélien de répondre d'emblée par la négative, entre autres sur le gel de la construction de nouvelles colonies, et même sur l'éventuelle extension de celles qui existent déjà.

Et il est tout de même symptomatique qu'aussitôt après que Powell eut quitté Israël, le gouvernement de Sharon ait lancé contre les Arabes israéliens la plus vaste opération de police qui ait jamais eu lieu à leur encontre. Huit cents policiers s'en sont pris aux militants et sympathisants de la branche nord d'un mouvement islamiste agissant depuis fort longtemps en Israël même, l'accusant d'entretenir des relations avec des organisations terroristes basées en Cisjordanie et à Gaza. Et déjà des voix s'élèvent pour exiger l'expulsion des Arabes israéliens.

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